La perte de la 1ère vision vient de son savoir-échec qui fait perdre la ‘pitié’ chez l’abbé. Ces pertes font surgir en l’abbé une modalité : vouloir-acquérir la vision, ensuite il aura la vision-objet mais cette fois il n’aura pas de pitié.
(Vision 1 ∧ Donissan ∧ pitié) → savoir-échec → (pitié ∨ Donissan ∧ Vision 2)
Le ‘savoir-échec’ que l’abbé Donissan a ressenti à la fin du PN1 est une figure un peu bizarre. D’abord, il élimine la « pitié ». Ensuite, il transforme l’attitude de Donissan. Pendant la vision 1, l’abbé Donissan s’efface derrière une Volonté (le Tiers actant selon J.C Coquet), ou derrière la vision dont il bénéficie : « je ne vous ai pas cherchée » 636 , « Je ne suis moi-même qu’un pauvre homme » 637 . Il est un simple témoin de sa vision. Tandis qu’avec le ‘savoir-échec’, le témoignage de Donissan devient violent. Ce ‘savoir-échec’ élimine dans le discours de l’abbé toutes les expressions adoucies de son témoignage, et l’abbé s’impose : « je t’ai vue ! », « tu ne seras jamais prête », « Ta vie répète d’autres vies » 638 . De plus, ce savoir lui donne un « élan désespéré », et, dans cet élan, il reconquiert la vision 2. Cet élan désespéré est « capable de faire violence, même au ciel », dit le narrateur 639 . Cet « élan désespéré » surgi en l’abbé devient le ‘vouloir-transmettre’ (vf). L’échec que l’abbé considère à la fin de la première vision devient en lui comme un manque. Il a manqué son but. Ce manque suscite en lui un désir de vaincre la résistance de Mouchette qui se réfugie dans le rêve ou la folie. Il devient sujet de vouloir en vue de vaincre Satan « vautré » en Mouchette. Mais ce désir-vouloir vient d’un élan désespéré. Donissan, au lieu de laisser combattre deux puissances en Mouchette et d’aider Mouchette à choisir, devient lutteur. Pressentant l’impossiblilité de convertir Mouchette, il entre dans le combat et affronte lui-même Satan. Le combat qu’il a vu dans la vision devient alors un combat réel entre Donissan (prétendant être du côté de Dieu) et Mouchette (du côté de Satan).
La faillite de l’abbé Donissan dans cette rencontre est exprimée par le passage suivant :
‘« L’inutilité de son grand effort, la vaine dispersion des grâces sublimes qui venaient d’être prodiguées, là, à cette place, l’inexorable prévision lui serra le coeur. » 640 ’Les deux moments du savoir cognitif de l’abbé : un savoir intuitif et une sanction cognitive, font s’engager en effet l’abbé dans les deux programmes : PN1 et PN2.
p.152-153 « Je ne suis moi-même qu’un pauvre homme. Mais, quand l’esprit de révolte était en vous, j’ai vu le nom de Dieu écrit dans votre coeur. »
p.159 « La grâce de Dieu s’était faite visible à ses yeux mortels : ils ne découvraient plus maintenant que l’ennemi, vautré dans sa proie »
p.150
p.152
p.158-159
p.159
p.157