2.3.4 L’observation de la segmentation

Nous avons découpé cette lettre en cinq séquences.

A. Séquence 1

  • i) Remerciement  : cette lettre a pour objet de remercier le chanoine. L’évêque l’apprécie pour ses qualités (sang-froid, intelligence, et zèle discret) parce qu’il s’est montré efficace en face d’un événement qui l’affecte : « bien douloureux à mon coeur paternel ». Par l’emploi de l’adjectif ‘paternel’, l’évêque prend un rôle de père qui semble affecter par cet événement. Donc il y a un différent figuratif entre le chanoine (du côté de l’intelligence) et l’évêque (du côté du coeur). Entre les deux personnages, il y a un événement référentiel. (je-vous-il) Ainsi nous pouvons attribuer comme suit les rôles thématiques de ces deux acteurs :
Acteur Rôle thématique
Evêque Bénéficiaire- paternité
Chanoine bienfaiteur-collaborateur (fraternel)
  • ii) Situation présente de l’abbé Donissan  : Ce personnage est marqué par le temps et par son déplacement, mais aussi est qualifié par l’adjectif qualificatif : ‘malheureux’. En effet c’est le seul personnage dans cette lettre qui soit marqué dans le temps et l’espace. Il passe du domaine médical dans la séquence1 au domaine religieux dans la séquence 5. Pour quitter le 1er lieu, le temps est précis, ‘cette semaine’, et l’entrée dans le second lieu est liée à une parole : ‘sur mes instructions’. Les deux personnages de la correspondance ont un intérêt commun pour l’abbé Donissan, en effet, lorsque l’évêque l’appelle ‘cher enfant’, il lui attribue le pronom possessif de la première personne, ‘notre’. Il est examiné et condamné pour une maladie nerveuse. (rôle thématique : enfant, malade)
  • iii) docteur Jolibois  : C’est un « élève du docteur Bernheim de Nancy » (l’origine). Cette origine peut être regardée comme le garant du diagnostic qu’il formule. L’évêque témoigne de ses qualités à la suite de leur entretien : largeur de vues, et tendre sollicitation. Cela s’ajuste au savoir général de l’évêque qui admire les hommes de science. Son diagnostic est donc doublement garanti : par l’origine de ses études, par ses qualités communes à tous les hommes de science. L’opposition à la foi par ceux que les études en détournent, accentue le pur savoir scientifique. Pourtant le contenu de sa conclusion n’a aucune rigeur scientifique. Il identifie le symptôme de ces troubles passagers à ‘une grave intoxication des cellules nerveuses’, et cette identification est basée sur une hypothèse : « probablement d’origine intestinale ». Ce diagnostic ne semble pas très probant ... mais il faut croire en sa parole (??).

Donc l’évêque se fie au diagnostic du Docteur Jolibois, et en même temps il manipule le chanoine pour qu’il lui fasse confiance, et donne les preuves extérieures : origine de ses études, ses qualités.