2.3 Aspect figural

C’est le temps de l’anamorphose (au niveau de l’énonciation) : déformation (repositionnement du sujet) d’une structure construite.

Nous venons d’observer qu’au niveau de l’énoncé (analyse de la figure et figurativité), l’aspect figural qualifie ce qui crée l’écart entre les structures narrative et discursive ; il est donc ce qui s’écarte d’une structure construite. On trouvera cet aspect figural même dans la transformation des carrés de la véridiction.

Au niveau de l’énonciation, l’aspect figural est particulièrement intéressant pour une théorie de la lecture.

Le lecteur sémiotique aborde le texte avec ses outils et construit les structures du texte. Cependant, le texte ne coïncide pas toujours avec des structures déterminées, il y a souvent un écart. De plus, une lecture est un travail visuel, puisqu’elle consiste à observer les figures dans le parcours que le texte présente à ses yeux. En faisant un travail constant entre la structuration et son écart, et l’observation des parcours figuratifs, le lecteur découvre, à un moment donné de sa lecture, un lieu où toutes ces figures se déforment, en même temps que tout s’éclaire d’un bout à l’autre du texte. Le lecteur commence alors à l’écouter. Comme si travaillant l’objet-texte, le lecteur expérimentait que le même objet (posé dans le texte) devenait l’objet-parlé d’un dialogue entre énonciateur-texte et énonciataire-lecteur, ou bien comme si pendant la lecture, l’objet réel parlé (Op) aurait été traversé le lecteur, désormais le lecteur devrait être guidé et poussé par la force de la parole.

Nous pouvons rapprocher ce phénomène de lecture de l’expérience de Bernanos, lorsqu’il dit qu’à partir d’un certain moment, il ne crée plus les personnages mais les suit.