3.2 L’énonciation

Nous avons abordé l’énonciation en traitant de ‘l’aspect figural’. On peut concevoir l’énonciation de plusieurs manières. A mon avis, elle ne peut pas se réduire à la seule observation de la position du narrateur, ni à la seule observation de l’énonciation énoncée dans le texte.

L’apport de la typologie biblique me semble important pour la théorie de la figure à cause de la spécificité du corpus biblique : en effet la typologie traditionnelle dans la lecture biblique est faite pour lire, en la personne de Jésus, l’accomplissement de toutes les annonces prophétiques du Messie dans l’Ancien Testament ; de ce fait, tout devient figure du Messie annoncé et accompli en Jésus Christ. C’est comme l’imago dont parle l’ancienne rhétorique. Partir ainsi d’une seule figure d’acteur dans le texte biblique -la personne de Jésus-, rend plus facile d’approcher de la théorie de l’énonciation dans un autre corpus comme celui de Bernanos dans SSS, puisque l’enjeu de SSS est placé surtout dans les personnages de Mouchette ou de Donissan.

Comme montre P.Gille dans son analyse : au lieu de donner un rôle thématique de ‘pécheresse’ ou une valeur thématique de ‘sainteté’ aux deux personnages, il attribut à chacun une figure de la révolte et de la transendance, les critiques littéraires ont démontré que les personnages du roman ne pouvaient à être enfermés dans les seules valeurs thématiques, ces thématiques ne correspondant pas toujours à ce que le roman SSS propose au lecteur en fin de lecture. Il y a donc bien une déformation des figures dans le parcours des acteurs.

Les deux exemples, de « la face terrible » que Saint-Marin découvre dans le confessionnal, et du scandale qui éclate à la suite favorable donnée au désir d’une mourante et que rapporte ‘la lettre de l’évêque’, illustrent l’importance de l’aspect figural dans SSS au niveau de l’énonciation non-énoncée. Nous y reviendrons au troisième chapitre (IV.3.2).