En effet, le problème de la véridiction vient de la théorie de la communication 947 . Cette théorie de la communication s’est intéressée à la transmission ‘correcte’ des messages, mais ne trouvant pas sa vérité en son référent externe, le problème de la vérité de la communication devient celui du « dire-vrai », de la véridiction. Pourtant le croire-vrai de l’énonciateur ne suffit pas à la transmission de la vérité, car il faut qu’un croire-vrai soit installé aux deux extrémités du canal (énonciateur et énonciataire) de la communication. Greimas l’appelle ‘le contrat de véridiction’ (ou contrat énoncif). Ce contrat dépend de l’instance de l’énonciataire pour qui tout message reçu, ‘« quel que soit son mode véridictoire, se présente comme une ’ ‘manifestation’ ‘ à partir de laquelle il est appelé à lui accorder tel ou tel statut au niveau de l’’ ‘immanence’ ‘ (à statuer sur son être ou son non-être) » ’ 948 ‘.’ Ensuite, dans son article « Véridictoires », Greimas précise ces deux niveaux construits chacun suivant un schéma : « le schéma paraître/non-paraître est appelé manifestation, celui de être/non-être immanence. C’est entre ces deux dimensions de l’existence que se joue le ‘jeu de la vérité’ » 949 . Dans ce même article, Greimas considère ‘être’ comme « la forme débrayée du savoir-être ». Pourtant il revient sur cette considération de l’être dans son article« le savoir et le croire » 950 . Il y revient à ses premières ambitions qui ont donné naissance au carré de la véridiction, et il pose la problématique de ‘l’être’ :
‘« Les préoccupations de la sémiotique cherchant à rendre pleinement compte de la modalisation des discours ne datent pas d’hier. (...) Cependant, l’approfondissement des problèmes relatifs à la dimension cognitive des discours a eu pour corollaire l’apparition de ce qu’on appelle, peut-être improprement, la modalité du /croire/. En effet, il était difficile, pour un sémioticien, de soutenir que la communication n’était qu’un simple transfert du /savoir/. » 951 ’En disant, « peut-être improprement », Greimas hésite à considérer /croire/ comme ‘la modalité’, car /croire/ est un jugement épistémique 952 qu’il a défini par ‘« En tant qu’adhésion du sujet à l’énoncé d’un état, le croire se présente comme un acte cognitif, surdéterminé par la catégorie de la certitude. » ’ 953 Donc il ne peut utiliser /croire/ qu’au prédicat : vouloir-croire, pouvoir-croire du sujet épistémique 954 , ou bien au sous-classement de la catégorie modale épistémique de ‘certitude’ (croire-être) 955 . Cependant la vérité étant considérée en tant que l’effet du sens, il s’agit de ‘faire-croire’ (faire-persuasif) et de ‘croire’ (faire-interprétatif), non pas de ‘faire-savoir’ et de ‘savoir-être’. Il déplace ainsi la problématique de ‘l’être’ du ‘savoir-être’ au ‘croire-être’. A ce moment-là, son rappel de la signification du latin ‘credere’ est important. Le mot latin ‘credere’ couvre en même temps ‘croyance’ et ‘confiance’, car la confiance entre les hommes se fonde sur la confiance dans leur dire sur les choses mais aussi sur les choses elle-même ! C’est ce sur quoi il fonde sa conviction : « Ce retour incongru aux sources antiques nous enseigne cependant au moins une chose, (...) pour fonder nos certitudes, il convient, avant de chercher l’adéquation des mots aux choses, de faire un détour par la communication confiante entre les hommes. » 956
Il introduit ainsi une possibilité de concevoir la véridiction d’une communication reçue. Ce sera la signification parallèle (par le jeu de figures) qui renvoient nécessairement à l’instance d’énonciation.
Dictionnaire raisonné ... article, « véridiction » et « véridictoires », p.417-419
Dictionnaire raisonné ..., p.417
Dictionnaire raisonné ..., p.419
Du Sens II, p.115-133
Du Sens II, p.115
Dictionnaire raisonné... p.129
Dictionnaire raisonné... p.76
Dictionnaire raisonné... p.76
Dictionnaire raisonné... p.129
Du Sens II, « le savoir et le croire », p.116