3. Le mur du savoir, révélateur d’un profond désir

Ces trois acteurs, bien que différents dans leur dispositif figuratif, lorsqu’ils se trouvent dans la position fausse avec leurs modalités de ‘vouloir ne pas être’ (v-ê), et ‘ne pas pouvoir ne pas être’ (-p-ê), dans laquelle le mur du savoir les enferme, élèvent un cri muet que Dieu seul peut entendre. Ce cri appelle une rencontre vraie qui commence toujours par hasard, dans la surprise. Pendant la rencontre, dans l’interlocuteur, on observe une conversion de ses modalités de savoir au vouloir-être, selon laquelle ou bien il y a un double renforcement du mur du savoir, ou bien le mur du savoir disparaît par une double réconciliation qui s’opère dans les schémas de l’être et du paraître.

Selon le dispositif figuratif de chacun des personnages, la double réconciliation diffère. Pour Mouchette, cette réconciliation s’opère sur l’axe de la relation humaine et divine. Pour Saint-Marin, elle se situe sur l’axe du langage réconcilié. Quant à Donissan, la révélation de Dieu réconcilie Donissan avec lui-même et lui donne de comprendre sa fonction vraie de témoin pour les autres.

Dans ces trois cas rapidement observés, la vraie rencontre arrive, imprévue, au moment où l’homme souffrant se bat contre le mur du savoir qui l’enferme, poussant le cri désespéré (muet). Dans la rencontre vraie, ce mur est démoli grâce à celui qui assume la fonction de témoin, et de ce fait résulte une double réconciliation chez l’homme souffrant, qui l’instaure sur un nouveau programme. Réconcilié avec soi et avec l’autre, cet homme se transforme en un homme nouveau, il réalise en lui une nouvelle naissance en tant que sujet parlant avec des paroles vraies. De ce point de vue, la vraie rencontre libère l’homme de sa souffrance et le situe dans la vraie position où il doit être au sein de l’humanité.

Le désir sans l’appel est dangereux, mais en face de l’appel, s’il n’y a pas de répondant, l’appel devient nul. Ce n’est pas, pour le sujet répondant, de l’ordre du devoir mais de l’ordre d’un vouloir-être en face de l’appel d’autrui ... c’est le désir qui va au devant de l’appel...