2.2. Recherches archéologiques dans le bassin du Rouj

2.2.1. Bassin du Rouj : cadre géomorphologique 39

Le bassin du Rouj se situe au nord-ouest de la Syrie, à 70 km au sud-ouest d’Alep (Fig. 1.15). Il se trouve au nord de la grande vallée du Rift levantin. Il s’agit d’une petite plaine fermée par deux massifs calcaires à l’est et à l’ouest. Elle s’étend sur 2 à 7 km d’est en ouest et environ 37 km du nord au sud. Les massifs (Jabal) bordant la plaine sont hauts d’environ 400 à 600 m et de nombreuses petites vallées (wadis) s’y développent. Le massif ouest, le Jabal Wastani, constitué de calcaires éocènes, oligocènes et miocènes, présente un versant plutôt escarpé. Le pied de Jabal Wastani est

couvert par de la lave basaltique du Pliocène. Quant au massif est, le Jabal Zawiye, constitué de calcaires éocènes et miocènes, il présente une pente douce sauf dans la partie nord. Au pied du Jabal Zawiye, les cônes alluviaux sont formés par les sédiments apportés par les wadi. La partie nord du bassin se sépare en deux parties. L’ouest est formé d’un couloir étroit, environ 2 km, bordé par deux massifs calcaires très escarpées, et forme un passage vers la plaine de l’Amuq en Turquie, située seulement à 30 km au nord du bassin. L’autre partie s’étend plus largement et elle est en grand partie couverte par des cônes alluviaux. Au sud, ce bassin est relié à la vallée du Ghab. La route allant d’est en ouest (Ariha-Muhambel-Jisr Shughur) emprunte ce passage.

La plus grande partie de la plaine du Rouj est couverte par les dépôts des cônes alluviaux ou d’inondations du Quaternaire. En fait, de nombreux tells dans le bassin sont fondés sur ces dépôts 40 . Le fait qu’aucun site du Paléolithique n’a été trouvé jusqu’à présent dans le bassin peut s’expliquer par cette épaisse accumulation de dépôts quaternaires.

Les ressources en eau sont un facteur essentiel pour l’habitat. Dans le bassin, les ressources en eau permanentes (même à la saison sèche) sont le lac ancien du Rouj (le lac Beloua) et plusieurs sources d’eau. Le lac du Rouj a aujourd’hui complètement disparu, mais il s’étendait au milieu du bassin jusqu’aux années 50 41 . Selon une étude géologique 42 , l’étendue du lac était différente selon les époques. C’était probablement un lac salé avant 7000 BP (5800 cal. BC) : c’est une remarque importante car ce lac ancien ne devait donc pas constituer une ressource d’eau potable pendant le Néolithique.

Fig. 1.15 Carte du bassin du Rouj, nord-ouest de la Syrie.

Pour l’étude archéologique du bassin du Rouj, il faut noter deux éléments principaux, qui sont liés à la géographie. D’une part, du point de vue de la géographie humaine, il s’agit d’un point de passage important pour la circulation ancienne : la route des régions intérieures vers la mer Méditerranée (d’Alep-Idlib à Lattakie via Jisr Shughur) et la route allant du nord au sud dans la grande vallée du Rift se croisent dans la partie sud du bassin. D’autre part, il s’agit d’un espace géographiquement fermé, ce qui nous permet de reconstituer plus facilement le processus historique local.

Fig. 1.16 Sites archéologiques dans la région d’Idlib. Carrés : sites fouillés (d’après Iwasaki and Nishino 1990 : Fig. 25).

Notes
39.

Besançon et Geyer 1995 ; Akahane 2003.

40.

Akahane 2003 : Table 2.

41.

La situation hydrologique est de plus en plus mauvaise. En plus de la disparition du lac, beaucoup de sources aussi ont récemment, et rapidement, tari ces temps-ci car on puise dans les nappes profondes pour la culture du coton.

42.

Akahane 2003 : 20-21.