Prospections des sites archéologiques

Pour comprendre la dynamique du mode d’installation dans le bassin, trois campagnes de prospection des sites archéologiques ont été effectuées de 1990 à 1992. Par ailleurs, nous avons aussi effectué des prospections complémentaires durant les fouilles à Tell Ain el-Kerkh depuis 1997 46 . Plus de 40 sites archéologiques de différents types (tells, grottes, tombes byzantines, etc.) ont été trouvés dans la plaine et les massifs qui l’entourent (Fig. 1.17). En ce qui concerne la situation des sites, les tells sont souvent localisés dans la partie est du bassin, au pied du Jabal Zawiye. Les études géomorphologiques montrent que ce phénomène est lié aux ressources en eau. Les sources sont nombreuses à l’est du bassin, le long du Jabal Zawiye, en raison de sa structure géologique.

Fig. 1.18 Chronologie d’El-Rouj et les sites prospectés et fouillés (d’après Iwasaki et al. 1995 : Fig. 26).

Le changement diachronique du nombre des sites découverts par les prospections montre une densité de sites variables selon les périodes (Fig. 1.18). Le Néolithique est une des époques où les habitats humains étaient assez nombreux dans le bassin du Rouj. Parmi les sites trouvés dans les années 1990-1992, 14 peuvent être datés du Néolithique (Fig. 1.19). D’après l’étude du matériel, la plupart des sites appartiennent au Néolithique céramique (Fig. 1.18). Cependant il faut tenir compte du fait que cette tendance reflète probablement la facilité de trouver et reconnaître les sites néolithiques céramiques grâce à la présence de la céramique. Par ailleurs, il faut noter le fait que la différence entre les industries lithiques du PPNB récent et du début du Néolithique céramique n’est pas très forte dans cette région ; cela rend difficile l’identification des sites du Néolithique précéramique par les prospections. Étant donné les résultats des niveaux profonds de Tell Ain el-Kerkh, les installations néolithiques dans cette région peuvent remonter à une période plus ancienne (Cf. infra).

Fig. 1.19 Sites néolithiques dans le bassin du Rouj (d’après Iwasaki and Nishino 1993).

En ce qui concerne la dimension des sites néolithiques du bassin, il y a une grand variabilité selon les sites. Tell Ain el-Kerkh et Tell Aray sont les deux sites néolithiques les plus vastes. Les dimensions actuelles des tells dépassent 10 ha, ce qui indique que c’étaient des sites majeurs avec des occupations successives et longues. Par contre il y a des sites de moins d’1 ha avec peu d’accumulation de dépôts, comme Tell Ghafar et Tell Telylat. Bien que nous admettions la difficulté d’estimer la dimension des sites, même lorsqu’on les fouille (à cause de problèmes comme celui de la contemporanéité des occupations, de l’érosion et de l’alluvionnement), nous pouvons souligner ici que les dimensions actuelles des sites sont effectivement différentes d’un site à l’autre. Le phénomène de l’apparition de grands sites durant le PPNB au Levant a souvent été discuté 47 et dans ce contexte l’apparition de grands sites, comme Tell Ain el-Kerkh, dans le bassin du Rouj est intéressante.

Notes
46.

En plus des sites trouvés lors des prospections de 1990 à 1992 (Iwasaki et al. 1995 ; Iwasaki and Tsuneki 2003), nous avons trouvé récemment deux sites : Tell Riz et Qastun. Tell Riz est un site de tell à l’extrême sud du bassin de Rouj. Le site de Qastun est situé près de Tell Qastun, au nord de la vallée du Ghab. C’est un site de plein air dans un champ de coton (voir le chapitre IV).

47.

Cf. Bienert et al. 2004.