2.3. Fouilles à Tell Ain el-Kerkh et état actuel de la recherche

2.3.1. Nouvelles fouilles à Tell Ain el-Kerkh (1997-2002)

Tell el-Kerkh se situe dans la partie sud du bassin, à 2.5 km à l’ouest du pied du Jabal Zawiye. Ce site se trouve sur l’extrémité du cône alluvial provenant du Wadi Târoûf, une des grands vallées qui se développent dans le Jabal Zawiye.

Le site est composé en fait de trois tells, nommés respectivement Tell Ain el-Kerkh, Tell el-Kerkh 1 et Kerkh 2 (Fig. 1.21). Tell el-Kerkh 1 est le plus élevé des trois et aussi le plus grand tell du bassin du Rouj : il ressemble à une ville fortifiée de forme carrée irrégulière, d’environ 400 m de longueur. On peut y ramasser du matériel de plusieurs époques, du Néolithique à l’Islam, il est donc difficile de déterminer la période précise de cette cité fortifiée.

Fig. 1.21 Carte de Tell el-Kerkh : Ain el-Kerkh, Kerkh 1 et 2.

En revanche, la période principale d’occupation de Tell el-Kerkh 2 et de Tell Ain el-Kerkh est limitée au Néolithique 51 . Tell el-Kerkh 2, situé entre Tell el-Kerkh 1 et Tell Ain el-Kerkh, est une petite colline circulaire (environ 180 m de diamètre). Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, un sondage (5 x 5 m) a été réalisé en 1992 : sur environ 4.5 m d’épaisseur, il a révélé des couches d’occupation successives allant du PPNB récent au début du Néolithique céramique (El-Rouj 1 à El-Rouj 2b) 52 .

Tableau 1.1 Tell Ain el-Kerkh. Stratigraphie des couches néolithiques dans les secteurs D et E.

Enfin, Tell Ain el-Kerkh est une grand colline, environ 500 x 450 m au maximum. La superficie actuelle du tell mesure plus de 10 ha. Cela ne correspond pas aux dimensions habituelles d’un village néolithique : d’après les résultats des sondages effectués dans différentes parties du tell, il est possible que ce tell soit constitué de plusieurs tells (voir plus loin), et il faut donc être prudent quant à l’estimation de la dimension du site pour chaque période. En raison de l’abondance du matériel de surface attribuable au Néolithique et de sa très grande taille, Tell Ain el-Kerkh a été choisi pour nos fouilles. L’apparition de sites très étendus au PPNB moyen/récent est un phénomène général, remarqué par plusieurs chercheurs 53 . Tell Ain el-Kerkh semblait donc un site idéal pour comprendre l’établissement des grands sites néolithiques en Syrie du nord-ouest. Les fouilles ont commencé en 1997 sous la direction d’une équipe syro-japonaise (directeurs : A. Tsuneki et J. Haydal), et jusqu’en 2002 six campagnes ont été réalisées 54 . Durant ces campagnes ont été ouverts au total 8 carrés de fouilles de 100 m2 chacun, et plusieurs petits sondages ont été également effectués pour connaître l’extension du site (Tableau 1.1 et Fig. 1.22).

Notes
51.

Dans le secteur E, une fosse du Chalcolithique récent (comparable à la phase Amuq F) et des tombes en fosse de l’époque hellénistique ont été trouvées à la surface. Au sud du site, une tombe byzantine construite en pierre a été fouillée en 1998. On peut trouver beaucoup de céramiques byzantines à la surface autour de cette tombe. Par ailleurs, en 2001 une maison byzantine avec un sol en mosaïque, probablement une église, a été trouvée au pied de Tell el-Kerkh 1. À l’époque byzantine les habitats se trouvent généralement dans les montagnes comme la ville de Serjila, et les vestiges byzantins à Kerkh suggèrent la présence d’un lieu de culte à cette époque.

52.

Iwasaki and Tsuneki 2003.

53.

Cf. Bar-Yosef and Meadow 1995.

54.

Tsuneki et al. 1997, 1998, 1999, 2000.