3.2.3. Façonnage des outils

Lors du façonnage des outils, les supports étaient probablement choisis selon plusieurs critères. Pendant les périodes El-Rouj 1a-2a/2b (du PPNB ancien au début du Néolithique céramique), les outils sur lame sont prédominants. La plupart de ces outils sont souvent façonnés sur des lames détachées de nucléus bipolaires. Cependant, en ce qui concerne la sélection des types de lames, comme mentionné plus haut, la proportion de lames centrales dans les supports de pointes est élevée par rapport aux supports des autres outils. Pour les autres outils, la sélection des supports semble plus variable : non seulement des lames centrales mais aussi des lames latérales et des lames de correction ont été plus fréquemment utilisées. Cependant, il y a quand même des tendances dans la sélection des supports pour certains outils : pour les grattoirs et les burins, des lames assez larges et épaisses semblent avoir été choisies.

À partir de la période El-Rouj 1b (PPNB récent), les éléments de faucille et les micro-perçoirs ont commencé à être façonnés sur lame/lamelle unipolaire. En particulier, l’évolution stratigraphique montre que, parmi les supports des éléments de faucille, les lames bipolaires sont graduellement remplacés par des lames unipolaires vers les couches supérieures.

Les outils sur éclats sont, semble-t-il, moins courants par rapport aux outils sur lame avant la phase moyenne du Néolithique céramique (El-Rouj 2c). Hormis les grattoirs, les outils sur éclat sont moins standardisés que ceux sur lame. Aucun choix particulier pour les supports de ces outils ne peut être observé : les supports sont parfois des éclats simples taillés à partir de galets, parfois des déchets de débitage laminaire. Ce dernier cas était d’ailleurs probablement courant car une production laminaire importante était effectuée dans le village de Kerkh et des éclats de formes variées produits par le débitage laminaire était toujours disponibles pour le façonnage des outils.

Les outils sont en général formés par des retouches mais quelques supports bruts ont été utilisés comme outils sans retouche (Cf. Pl. 3.43 : 9-12). Les retouches ont des objectifs divers : aménagement de la formede l’outil, réalisation de la partie active, d’un dos abattu ou de la partie à emmancher. La position des retouches réalisées peut être liée à la forme du support : nous pouvons observer ce phénomène sur quelques spécimens par exemple, la modification des bords latéraux des pointes, des pédoncules des pointes, la partie active des perçoirs.

À la phase la plus ancienne (El-Rouj 1a), la plupart des outils sont retouchés par percussion directe. Néanmoins, la retouche par pression est aussi utilisée pour la modification fine de l’outil : par exemple les retouches sur le corps des pointes, sur le micro-denticulé des lames de faucille. Hormis quelque rares exemples (Pl. 3.8 : 15), les retouches lamellaires parallèles obtenues par pression n’existent pas à cette phase. Aux phases suivantes, la plupart des outils semblent avoir été retouchés par percussion directe mais il faut remarquer que à partir de la période El-Rouj 1b (PPNB récent), les retouches lamellaires deviennent de plus en plus courantes, particulièrement pour le façonnage des pointes. Les pointes, comme les pointes d’Abu Gosh, d’Ugarit et d’Amuq, sont couvertes par des retouches lamellaires sur le pédoncule, parfois sur le corps aussi. Ce mode de retouche est probablement efficace pour une modification fine car les retouches amincissent légèrement la surface des supports. Cependant, quant aux quelques pointes retouchées sur tout le corps depuis la période El-Rouj 1b (PPNB récent), les retouches semblent avoir une raison culturelle plutôt que fonctionnelle.