Débitage bipolaire

Le débitage bipolaire est attesté par des nucléus bipolaires à lames et les lames produites. Les nucléus bipolaires sont particulièrement abondants à cette phase : ils constituent quasiment la moitié des nucléus trouvés (23 spécimens, Tableau 4.20). Les galets fluviaux à grain moyen sont utilisés pour la plupart de ces nucléus. Typologiquement, ces nucléus sont soit des nucléus à dos cortical, soit des nucléus naviformes, soit des nucléus à crête postéro-latérale. Les nucléus à crête postéro-latérale sont prédominants (17 sur 23 : Tableau 4.21) : ils se caractérisent par un dos plat aménagé par des enlèvements latéraux, donc par une section transversale quadrangulaire (Pl. 4.38 : 1). Leurs flancs sont soit deux flancs préparés à partir d’une crête arrière, soit un flanc préparé et l’autre à pan cortical sans modification. La prédominance de ces nucléus à crête postéro-latérale à cette phase est manifestement liée à la forme du silex d’origine : il s’agit de galets. Les galets utilisés sont souvent de forme angulaire d’où la difficulté de former une pièce bifaciale symétrique (c’est-à-dire, la mise en forme du nucléus naviforme). Ainsi, les formes les plus aisément préparées sont des nucléus à crête postéro-latérale. On notera que le rythme d’extraction des lames observé sur la surface de débitage est le même que celui observé sur les nucléus bipolaires (Pl. 4.38 : 1) : une lame centrale pointue est préparée par l’extraction de deux lames (une autre lame centrale et une lame latérale) à partir d’un plan de frappe opposé (Fig. 4.15). Ainsi, dans chaque série d’extraction de lames, deux paires de lames centrales et lames latérales sont alternativement produites à partir de chaque plan de frappe. La longueur des nucléus bipolaires varie de 70 mm à 120 mm (Tableau 4.22). Les largeur et épaisseur sont de 40.3 et 31.2 mm en moyenne (Tableau 4.22). D’après les négatifs sur la surface de débitage, la longueur et l’épaisseur des dernières lames varie, respectivement de 34 à 81 mm et 9.8 à 23 mm. L’angle de chasse des nucléus bipolaires est assez aigu, 56.5° en moyenne.

Tableau 4.20 Dja’de, secteur SB. Nucléus de la Phase II.
type n %
nucléus bipolaires à lames 23 47.9
nucléus unipolaires à lames 1 2.1
nucléus à éclats 13 27.1
nucléus sur éclat 10 20.8
préforme 1 2.1
total 48 100
Tableau 4.21 Dja’de, secteur SB. Nucléus bipolaires de la Phase II.
type n %
nucléus naviformes 4 17.4
nucléus à crête postéro-latérale 17 73.9
nucléus à dos cortical 2 8.7
total 23 100
Tableau 4.22 Dja’de, secteur SB. Dimensions des nucléus bipolaires de la Phase II.
n= 23 largeur (mm) épaisseur (mm)
max. 59.8 49.8
min. 21.2 16.1
moyenne 40.3 31.2
médiane 40.5 30.4
écart type 9.0 8.8
Tableau 4.23 Dja’de, secteur SB. Lames de la Phase II.
Lames n %
Lames unipolaires 39 12.3
Lames bipolaires 173 54.4
Lames à crête 13 4.1
non identifiables 93 29.2
total 318 100
Fig. 4.15 Dja’de, secteur SB. Figureschématique de l’exploitation des lames bipolaires de la Phase II.

Les lames produites à partir de nucléus bipolaires sont beaucoup plus abondantes parmi les lames, par rapport à la phase précédente (76,9 % de pièces identifiables, Tableau 4.23). À propos des silex utilisés, le silex à grain moyen (en général sous forme de galets) constitue la moitié des pièces identifiables (Fig. 4.16). La proportion des silex à grain fin augmente par rapport à celle de la Phase I (33,1 %).

Fig. 4.16 Dja’de, secteur SB. Lames bipolaires et unipolaires de la Phase II en fonction des types de silex.

Les lames bipolaires sont technologiquement divisées en trois groupes (Tableau 4.24) : lames centrales, lames latérales, lames de correction. Les lames centrales sont au nombre de 61 (35,3 % de lames bipolaires). Parmi les lames centrales (Tableau 4.24), les lames centrales de type 2 sont les plus abondantes (la moitié de pièces classifiables, Pl. 4.38 : 2.) : ce sont des types caractéristiques dès le PPNB ancien (Fig. 2.3 : première moitié). Quant aux lames latérales (23,1 % de lames bipolaires), les lames sous crête sont prédominantes (Tableau 4.24, Pl.  4.38 : 3.) et les lames corticales sont très rares : cela indique que la mise en forme du nucléus a été soigneusement faite par l’élimination du pan cortical. Les lames de correction sont le groupe le plus courant parmi les lames bipolaires (41,6 % de lames bipolaires). Il y a 11 lames en upsilon, un type particulier de lames d’entretien distal.

Tableau 4.24 Dja’de, secteur SB. Types des lames bipolaires de la Phase II.
type n %
Lames centrales 61 35.3
type 1 6  
type 2 24  
type 3 11  
type 4 5  
non identifiables 15  
Lames latérales 40 23.1
lames cortical 3  
lames sous crête 37  
Lames de correction 72 41.6
lames d’entretien distal 25  
lames d’entretien proximale 37  
lamelles d’entretien proximale 10  
total 173 100

La plupart des talons des lames bipolaires sont lisses. Le talon est généralement réduit par la régularisation de la corniche comme à la phase précédente. Cependant, le talon bien réduit par forte abrasion augmente par rapport à la phase précédente. Cela indique probablement une amélioration de la technique de détachement des lames. Le bulbe des lames est parfois diffus, parfois plus ou moins développé. En tous cas, il est moins marqué que le bulbe des lames unipolaires.

Les dimensions des lames bipolaires ne montrent pas de grande différence entre les trois groupes (Tableau 4.25) : 18 à 19 mm de large et 5 à 6 mm d’ épaisseur en moyenne. La longueur est variée, en générale de 50 à 100 mm. Le spécimen le plus long atteint 137 mm (Pl. 4.38 : 3).