2.2.3. Phase III

Le débitage pour la Phase III compte 2415 pièces, dont 6 nucléus, 1661 éclats et 748 lames. Environ 30 % des éclats sont des pièces corticales (520 spécimens). Parmi les éclats corticaux, d’après l’état de surface corticale, les éclats provenant de galets sont dominants (environ 70 % des éclats corticaux, Fig. 4.17) : cependant, il faut noter que la proportion d’éclats provenant de rognons (environ 30 % des éclats corticaux) augmente par rapport aux phases précédentes (Phase I : 3,6 %, Phase II : 9,5 %). Lorsqu’on considère les silex des lames, cette augmentation du silex de rognon est plus nette : dans cette phase, la plupart des lames sont faites sur du silex noir ou brun foncé à grain très fin. D’après plusieurs spécimens corticaux (Fig. 4.18), ce groupe de silex provient de rognons avec cortex plat. Ainsi, on constate que la production des lames à la Phase III est essentiellement effectuée à partir de rognons à grain fin.

Fig. 4.17 Dja’de, secteur SB. Éclats de la Phase III en fonction de l’état de la surface.
Fig. 4.18 Dja’de, secteur SB. Éclat cortical (éclat à crête) de la Phase III.
Tableau 4.27 Dja’de, secteur SB. Lames de la Phase III.
  n %
Lames bipolaires 675 90.2
Lames unipolaires 39 5.2
non identifiable 34 4.5
total 748 100
Fig. 4.19 Dja’de. Un bloc de silex noir à grain fin recueilli sur la surface du site.

L’industrie lithique de la Phase III est aussi basée sur le débitage laminaire. Le déclin du débitage unipolaire a déjà été signalé à la Phase II, et cette tendance est plus nettement observée à la Phase III : les lames bipolaires sont l’imposante majorité (90,2 % des pièces identifiables, Tableau 4.27). Malgré le petit nombre de nucléus recueillis à cette phase, il y a un fragment de nucléus naviforme en silex brun foncé de rognon (Pl. 4.41 : 1). Il se caractérise par une section transversale triangulaire et symétrique, par des flancs bien aménagées à partir des crêtes arrière et frontale et par un angle de chasse assez aigu : c’est un nucléus naviforme classique selon la définition de J. Cauvin. Par ailleurs, l’état de surface du débitage montre que la dernière lame enlevée était une lame centrale, qui a été préparée par l’extraction de deux lames latérales à partir d’un plan de frappe opposé. La largeur de ce nucléus est étroite (25 mm, probablement 30-40 mm au début de l’exploitation du nucléus), par rapport aux nucléus bipolaires sur galets de la Phase II (voir Tableau 4.22). Cette étroitesse du nucléus naviforme, qui est souvent observée sur des spécimens d’autres sites contemporains, est dans le cas de Dja’de probablement liée à l’épaisseur du bloc d’origine. D’après le morceau de bloc et les éclats corticaux (Fig. 4.18, Fig. 4.19), les rognons utilisés à Dja’de, notamment les silex noir ou brun foncé, ont généralement une partie silicifiée épaisse de 30 à 40 mm avec quelques centimètres de couche corticale. Ainsi, à partir de ces rognons, le nucléus a forcément une largeur fixe (30-40 mm). Enfin, il est intéressant de noter que ce nucléus est cassé transversalement comme certains spécimens sur d’autres sites (Cf. Tell Ain el-Kerkh).

Les lames bipolaires sont en général plus élaborées que celles de la Phase II. Les lames allongées avec une extrémité proximale réduite sont très courantes(Fig. 4.20). Le talon est généralement préparé par une forte abrasion du front de taille. Parmi les lames centrales, une abondance de lames centrales de type 2 (Cf. Pl. 4.41 : 2, Pl. 4.42 : 1) indique que l’extraction des lames a été effectuée selon la modalité typique du PPNB ancien (Fig. 2.3 : première modalité).

Le débitage unipolaire est extrêmement rare à cette phase. Il y a quelques grosses lames provenant de galets.

Fig. 4.20 Dja’de, secteur SB. Lames bipolaires de la Phase III.