Lames

Les lames produites portent des traits techno-morphologiques particuliers. Le plus remarquable est leur forme : il s’agit de lames torses. Les lames sont toujours tournées vers la droite (lames dextragyres), caractéristique particulièrement observable sur l’extrémité proximale (Pl. 5.14 : 2-3). L’extrémité distale des lames est généralement pointue mais elle est souvent légèrement tournée vers la gauche. La forme du talon est, dans la plupart des cas, lisse. Il faut noter que la position du point d’impact se situe presque toujours à gauche vu de la face inférieure (Pl. 5.14 : 2-3) : en raison de cette position, le talon imitant un burin dièdre d’axe est très courant 234 . L’état de la face supérieure des lames centrales est assez standardisé. Sur les lames analysées provenant d’un dépôt de lames et d’outils laminaires d’une maison de la phase 2 dans la tranchée G (Période 2B) 235 , nous avons noté que la face supérieure montre deux enlèvements de lames opposées et un enlèvement de lame qui est plus récent que les deux autres (Pl. 5.14 : 2, Pl. 5.15 : 1-4). En plus, il y a presque toujours un petit enlèvement sur le côté gauche à l’extrémité distale (Pl. 5.14 : 2-3, Pl. 5.15 : 1-4). C’est la trace de l’extraction d’une lamelle de correction (D-shaped blade selon Nishiaki), qui servait probablement à modifier l’orientation vers la gauche de l’extrémité distale de la lame. On peut observer la trace de l’extraction de lamelles de ce type sur les nucléus (Pl. 5.14 : 1). D’après les mesures des lames du dépôt de lames, leur longueur est généralement d’environ 100 mm, leur largeur de 20 mm et leur épaisseur de 6 mm.

Des lames latérales sont aussi présentes. Cependant, les lames de correction semblent rares. Par exemple, les lames en upsilon, un type de lame d’entretien distal assez abondant dans le débitage bipolaire de nombreux sites PPNB moyen ou récent, sont rares dans la collection de ce site. Il semble que le nettoyage de la totalité de la surface débitée réalisée par l’extraction des lames de correction ne soit pas souvent effectué avec cette méthode, qui est donc caractérisée par la rareté des lames en upsilon. Bien qu’il soit nécessaire d’étudier la totalité du matériel de Tell Abu Hureyra pour reconstituer la modalité d’exploitation des nucléus, nous suggérons que le principe de la méthode Douara est aussi de produire des lames pointues préparées par l’extraction de deux lames opposées (Cf. Pl. 5.14 : 1) : ainsi on peut constater une prédétermination particulière des lames. Une paire de lames est extraite d’un plan de frappe afin d’obtenir deux nervures idéales pour détacher une lame prédéterminée d’un autre plan de frappe.

Notes
234.

Nishiaki 2000 : 47. Le talon ressemble aux deux pans d’un burin, mais les deux faces du talon sont composées d’une partie du plan de frappe et d’une partie de la surface de débitage.

235.

Les silex de ce dépôt sont au nombre de 230, composés des lames brutes et de couteaux (Moore et al. 2000 : 244-250). Parmi eux, nous avons pu observer 59 couteaux et 2 lames brutes, qui sont conservés à Valbonne en France.