3. PPNB récent (seconde moitié du 9e millénaire BP soit seconde moitié du 8e millénaire cal. BC)

3.1. Syrie du Nord-Ouest

3.1.1. Qminas (Masuda and Sha’ath 1983)

Les couches d’occupation sont divisées en niveau précéramique (niveau inférieur) et niveau céramique (niveau supérieur). Peu de détails sont donnés sur les industries lithiques dans le rapport préliminaire publié. Cependant nous avons eu la possibilité d’observer une partie du matériel lithique entreposé au musée d’Idlib en Syrie et au Musée de l’Orient à Tokyo, ce qui nous permet de présenter quelques aspects des industries lithiques de ce site.

Les silex utilisés à Qminas comportent deux groupes principaux, le silex silicifié et le silex peu silicifié, comme à Kerkh. Les variétés de silex sont très similaires à celles de Kerkh : la couleur noir ou brune foncée est dominante dans le silex silicifié, et la couleur brun claire ou beige est dominante dans le silex peu silicifié. Les sources de ces silex ne sont pas connues, mais autant que nous sachions 262 , les silex ne sont pas disponibles à proximité du site.

L’industrie lithique est caractérisée par des débitages laminaires. Les débitages laminaires sont manifestement composés de débitages différents : débitage bipolaire et débitage unipolaire. Pour le débitage bipolaire, nous ne savons pas si des nucléus ont été retrouvés, mais il y a des lames centrales pointues typiques du débitage bipolaire du PPNB (Pl. 5.20 : 1). Le silex silicifié est préféré pour ce débitage. Les lames sont utilisées pour des outils variés comme les pointes, les burins et les grattoirs (Pl. 5.20 : 4-6, Pl. 5.21 : 3-5, 8-9). Le débitage unipolaire est attesté par un nucléus prismatique et des lames unipolaires (Pl. 5.20 : 2-3, Pl. 5.21 : 7). Il semble que le débitage unipolaire est composé de deux productions différentes, production de lames et production de lamelles. À propos de la production laminaire, le silex peu silicifié et la couleur beige sont préférés, et les lames produites sont exclusivement utilisées pour des éléments de faucille (Pl. 5.20: 7-9, Pl. 5.21 : 6). Ces caractères du débitage unipolaire sont similaires à ceux de Kerkh. De plus, un dépôt de ce type de lame a été découvert (Fig. 5.2) : c’est le seul cas comparable au dépôt de lames de la couche 5 de Tell Ain el-Kerkh (El-Rouj 1b) du point de vue de la technologie lithique. Les lamelles semblent avoir été utilisées pour des micro-perçoirs (Pl. 5.20 : 10, Pl. 5.21 : 10), ce qui a été aussi observé à Kerkh.

Fig. 5. 2 Une cache de lames unipolaires trouvée à Qminas (d’après Masuda and Sha’ath 1983 : Planche 13-a).

D’après l’information disponible on ne connaît pas l’évolution des industries lithiques sur ce site du niveau précéramique au niveau céramique. On sait seulement que la typologie des pointes est différente dans les deux niveaux. Les pointes de Byblos, qui sont réalisées parfois par des retouches écailleuses, parfois par des retouches lamellaires, sont courantes dans le niveau précéramique (Pl. 5.20 : 4-6). Par contre dans le niveau céramique, les pointes d’Amuq sont le type dominant (Pl. 5.21 : 4-5).

En bref, les industries lithiques de Qminas ont beaucoup d’aspects similaires à celles de Kerkh comme le choix du silex, la technologie de taille et la morphologie des outils. Il est probable que le niveau précéramique est contemporain de la période El-Rouj 1b (PPNB récent) de Kerkh, et que le niveau céramique est contemporain de la période El-Rouj 2a/2b ou 2c (phase ancienne ou moyenne du Néolithique céramique). Le reste du matériel archéologique est lui aussi comparable à celui Kerkh, indiquant une unité dans la culture matérielle de la Syrie du nord-ouest durant le PPNB récent et le début de Néolithique céramique.

Notes
262.

La maison des fouilles de Kerkh était sur le site de Qminas et nous avons donc eu l’occasion de faire des prospections des sources de silex autour du site.