4.1.3. Tell Nebi Mend (Nishiaki 2000)

Des niveaux néolithiques céramiques ont été mis au jour dans les fouilles de Tell Nebi Mend dans la vallée du Ghab. Une partie du matériel lithique de la tranchée VIII a été étudié.

Les silex utilisés sont divisés en deux groupes principaux, le silex à grain fin et le silex à grain grossier, composés respectivement de plusieurs types de couleur. Comme on l’a constaté sur les autres sites, des liaisons particulières entre les groups de silex et certaines classes lithiques sont observées : le silex à grain fin est notamment préféré pour les lames et les outils sur lame, par contre le silex à grain grossier domine parmi les nucléus, les éclats corticaux et les outils sur éclat. Les sources de silex à grain fin ne sont pas encore connues, mais les silex à grain grossier proviennent probablement du lit d’un wadi (Wadi Rabiyah) proche du site.

Fig. 5.3 Reconstitution de chaînes opératoires de Nebi Mend (d’après Nishiaki 2000 : Fig. 6.12).

La chaîne opératoire de la production lithique reconstituée (Fig. 5.3) est différente selon les groupes de silex. Le matériel lithique utilisant le silex à grain fin est caractérisé par un débitage laminaire. Étant donné les produits de débitage et les supports des outils, il est suggéré que ce débitage laminaire comprend deux débitages différents. Dans les deux cas, on remarque que la mise en forme et l’exploitation des nucléus ont été effectuées à l’extérieur du site car les nucléus et les éclats corticaux liés au débitage laminaire sont très rares. L’un des débitages est le débitage bipolaire (Pl. 5.34 : 1). Pour ce débitage, les silex noir ou brun ont souvent été sélectionnés. Les lames produites ont été transformées en outils laminaires variés comme les pointes et les éléments de faucille. L’autre débitage laminaire a été interprété comme un sous-type de débitage bipolaire 292 (Pl. 5.34 : 2-3). Ce sous-type de débitage bipolaire est différent du débitage bipolaire par plusieurs aspects. Le silex brun jaunâtre a été préféré et ces lames ont probablement été détachées par une technique différente de celle du débitage bipolaire, comme la percussion indirecte ou la pression. Enfin les lames produites sont exclusivement utilisées pour des éléments de faucille. Ces caractères donnent l’impression que ce débitage laminaire ressemble beaucoup au débitage unipolaire de Kerkh durant le PPNB récent et le début du Néolithique céramique (El-Rouj 1b et 2a/2b). À en juger par ces information et les dessins publiés (Pl. 5.34 : 2-3), nous suggérons que le débitage unipolaire, qui est nettement distinct du débitage bipolaire, a existé sur ce site et que la chaîne opératoire de la production lithique basée sur ce débitage est très semblable à celle de Kerkh (le choix du silex, la méthode de débitage, la fabrication des outils).

À la différence du cas du silex à grain fin, la production lithique utilisant le silex à grain grossier est intensivement effectuée sur le site avec toutes les étapes de la chaîne opératoire. Dans cette production, les éclats sont extraits de nucléus variés et ils sont utilisés pour des outils divers comme les denticulés et les éclats retouchés (Pl. 5.34 : 10-11). Les produits concernant la production des éclats sont plus abondants que ceux de débitages laminaires.

Les outils dominants sont des éléments de faucille (42 pièces soit 35 %), des lames retouchées (28 pièces soit 23,3 %) et des burins (16 pièces soit 13,3 %). Les pointes sont relativement rares (6 pièces soit 6,7 %). Les éléments de faucille sont des outils assez standardisés (Pl. 5.34 : 7-9). Comme on l’a mentionné, les supports de ces outils sont souvent des lames unipolaires (80 % du total) qui sont en outre caractérisées par leur bords parallèles. Les largeurs/épaisseurs sont concentrées entre 10 et 15 mm de largeur et 2 et 4 mm d’épaisseur. Typologiquement, les éléments de faucille sont souvent des segments de lames à double cassure (71,4 % du total). Dans la plupart des cas, le lustre est visible le long du bord latéral : ces éléments ont probablement été insérés parallèlement au manche. Les pointes sont du type Amuq ou une de ses variantes (Pl. 5.34 : 4-6). Le pédoncule est de section triangulaire haute, formé par des retouchés lamellaires.

En bref, plusieurs traits de l’industrie lithique de Tell Nebi Mend sont comparables à ceux des industries lithiques des phases néolithiques de Kerkh. Plus précisément, étant donné la typologie des pointes et l’importance de la production des éclats pour le façonnage des outils, les niveaux néolithiques céramiques de Nebi Mend peuvent être comparés avec la période El-Rouj 2c (phase moyenne du Néolithique céramique).

Notes
292.

Nishiaki 2000 : 158.