4.2. Moyen Euphrate

4.2.1. Tell Halula (Molist et Ferrer 1996 ; Ibáñez et al . 1998 ; Molist et al . 2001)

Une étude préliminaire sur les industries lithiques des niveaux céramiques (pré-Halaf) a traité le matériel lithique recueilli dans le secteur SS7 293 . La matière première principale est le même silex que dans les niveaux PPNB. La grande majorité du silex est du silex fluvial à grain moyen ou grossier. Le silex à grain fin est très faiblement présent. Selon l’état du cortex sur plusieurs spécimens 294 , le silex à grain fin provient aussi de galets fluviaux.

Le débitage se caractérise par la prédominance de la production d’éclats utilisant des galets fluviaux. Les nucléus à éclats avec un plan de frappe sont les plus courants (Pl. 5.35 : 1), et ceux avec plans de frappe multiples sont aussi nombreux. Il n’a été observé aucune préparation particulière pour la mise en forme des nucléus, ni de rythme régulier dans l’extraction des éclats. Quant à la production des lames, elles sont généralement détachées de nucléus à un plan de frappe (Pl. 5.35 : 2). Ces nucléus ne sont pas bien préparés pour l’extraction des lames et seule une crête est parfois réalisée. Le silex dominant pour le débitage laminaire est encore le silex fluvial à grain moyen ou grossier, comme pour la production des éclats, mais le silex à grain fin est également utilisé. Il faut remarquer une quasi-absence de nucléus bipolaires à lames comme ceux des niveaux PPNB.

Pour l’outillage, les silex fluviaux à grain moyen ou grossier sont là aussi dominants. Cependant, les silex à grain fin (exogènes ou locaux) sont préférés pour les pointes, les éléments de faucille et les lames retouchées. Quant aux supports des outils, les pointes, les éléments de faucille et les burins sont souvent façonnés sur lame. Comme on l’a noté, ces lames sont, pour la plupart, détachées de nucléus unipolaires. Les autres outils, comme les grattoirs, les encoches et les denticulés, sont principalement façonnés sur éclat (Pl. 5.35 : 10). À propos de la fréquence des outils 295 , les éclats retouchés, les encoches/denticulés et les lames retouchées sont les groupes les plus abondants (respectivement 22,7 %, 18,4 %, 16,4 %).

Les pointes restent relativement abondantes (12,2 %). Typologiquement, le type Amuq est dominant (56,9 %, Pl. 5.35 : 3-5) et le type Byblos le suit (Pl. 5.35 : 6). Pour les pointes d’Amuq, la retouche parallèle est courante, par contre, les pointes de Byblos sont généralement réalisées par des retouches abruptes ou semi-abruptes. Selon les figures publiées, une sélection des supports laminaires peut être observée. Les lames allongées et régulières avec une section triangulaire sont préférées pour les pointes. De façon intéressante, plusieurs spécimens semblent être façonnés sur lames centrales prédéterminées, qui sont de type du débitage bipolaire PPNB (Pl. 5.35 : 6).

Les éléments de faucille constituent 5,9 % de l’outillage et les lames sont préférées aux éclats (40 pièces vs 12 pièces). Ce sont parfois des segments de lame (Pl. 5.35 : 7), parfois des éléments à dos courbe (Pl. 5.35 : 8-9). Le lustre en oblique apparaît plus souvent que celui en parallèle (39 pièces vs 11 pièces). On constate que l’insertion oblique dans le manche était donc courante.

En bref, l’industrie lithique des niveaux céramiques de Tell Halula se caractérise d’une part par une grand majorité de débitage unipolaire de lames ou d’éclats sur du silex fluvial, et également sur du silex à grain fin, surtout pour le débitage laminaire, d’autre part par une grande diminution du débitage laminaire bipolaire, qui était dominant au PPNB. Si on les compare avec ceux des niveaux céramiques de Kerkh, ces traits sont grosso modo comparables à ceux de la phase moyenne du Néolithique céramique (El-Rouj 2c). Cependant, une différence remarquable entre les deux sites concerne le débitage laminaire bipolaire. Bien que ce débitage diminue aussi en importance pour les supports des outils à Kerkh (El-Rouj 2c), ce débitage y joue encore un rôle principal pour la fabrication des pointes d’Amuq : les pointes d’Amuq de Kerkh sont exclusivement façonnées sur lame bipolaire, avec une sélection particulière de lames centrales prédéterminées de section triangulaire. À Halula, les pointes d’Amuq sont également courantes, mais leur supports, d’après les arguments avancés, sont des lames unipolaires comme pour les autres outils. Pour comprendre les changements culturels entre le PPNB et le Néolithique céramique au Levant nord, il faudra attendre d’avoir le détail des industries lithiques de toutes les phases d’Halula.

Notes
293.

Molist et Ferrer 1996.

294.

Molist et Ferrer 1996 : 437.

295.

Molist et al. 2001 : Tableau 10.