4.3.2. Kumartepe (Roodenberg 1989)

Bien que Kumartepe, un site Néolithique céramique sur le bord de l’Euphrate, soit proche du site PPNB récent de Hayaz Höyük (15 km seulement), plusieurs différences remarquables ont été signalées entre les industries lithiques des deux sites 299 . La grande majorité du silex utilisé à Kumartepe est celui des galets de l’Euphrate à grain grossier. Le silex tabulaire à grain fin est aussi présent, mais beaucoup moins fréquent. Les grands rognons de bonne qualité, qui sont dominants dans la matière première à Hayaz Höyük, ne sont pas courants à Kumartepe. La plupart des nucléus sont des nucléus prismatiques à un ou deux plans de frappe (Pl. 5.37 : 1-2), parfois opposés (Pl. 5.37 : 3). À en juger par l’état de la surface débitée des nucléus représentés dans la publication, ce sont des nucléus à petites lames ou à éclats allongés. L’étude récente du matériel lithique de ce site a noté la présence de nucléus naviformes parmi les nucléus 300 . Cependant, d’après les dessins publiés, ce ne sont pas des nucléus naviformes ni d’autres types de nucléus bipolaires qui se trouvent dans le site PPNB, mais ce sont des nucléus à lames simples comme les autres nucléus de Kumartepe. Ainsi, les nucléus bipolaires laminaires montrant la modalité de l’extraction des lames de type PPNB ne semblent pas être présents.

Quant à l’outillage (162 pièces analysées), comparée à celui de Hayaz Höyük, l’abondance des outils sur éclat comme les éclats retouchés a été signalée. Avec la quasi-absence du débitage bipolaire, comme on l’a mentionné, ces faits semblent montrer une grande différence entre l’industrie lithique de Kumartepe et celle de Hayaz Höyük. Cependant, les lames bipolaires de type PPNB servent encore de support à certains outils (Pl. 5.37 : 8-9). En particulier, d’après les figures, les pointes sont souvent façonnées sur lame bipolaire, notamment des lames centrales prédéterminées de type PPNB (Pl. 5.37 : 5). Les pointes sont assez nombreuses (15,1 % de l’outillage). D’après l’information disponible, on ne peut pas dire si cela indique une production des lames bipolaires à l’extérieur de Kumartepe. En tous cas, le nombre considérable des outils façonnés sur lame bipolaire doit être noté, et à partir de là, il est difficile d’accepter l’idée d’une discontinuité culturelle entre Hayaz Höyük et Kumartepe 301 .

Les pointes sont typologiquement des pointes de Byblos et d’Amuq (Pl. 5.37 : 4-6). Le trait le plus remarquable de ces pointes est le mode de retouche : on observe l’utilisation intensive des retouches lamellaires en écharpe. Les lames lustrées ne sont pas courantes (1,4 %, Pl. 5.37 : 7-8) et un spécimen représenté est une grande lame bipolaire (Pl. 5.37 : 8). Les petits outils perçants sont assez courants (11,7 % de l’outillage, Pl. 5.37 : 10-11). Comme dans le cas de l’atelier (voir les paragraphes suivants), ils ont probablement été utilisés pour perforer des perles.

Pour conclure, l’industrie lithique de Kumartepe se caractérise par l’importance de la production des éclats pour l’outillage et une diminution du débitage bipolaire PPNB ; cependant, ce débitage joue toujours un rôle important dans la fabrication de certains outils, par exemple des pointes. Cette situation peut être comparable à celle de la période El-Rouj 2c (phase moyenne du Néolithique céramique) à Tell Ain el-Kerkh.

Notes
299.

Roodenberg 1989 : 419, 422.

300.

Baykan 1998 : 124-125.

301.

Roodenberg 1989 : 100.