L’écroulement socioculturel de la fin du PPNB, dit « PPNB collapse », est un thème souvent traité depuis une dizaine années pour le Levant sud 335 . Une interprétation similaire avait été faite avant les années 80, qui disait que les villages du PPNB avaient été abandonnés et que le Néolithique céramique du Levant sud avait commencé par une immigration apportant la poterie 336 . À la différence de ce scénario ancien, la discussion actuelle sur le « PPNB collapse », qui est basée sur les données de fouilles récentes, reconnaît qu’il y a des différences importantes entre les données archéologiques du PPNB et celles du Néolithique céramique, mais qu’en même temps il y a des preuves claires d’une continuité régionale des occupations 337 .
Les données archéologiques montrant le changement entre les deux périodes sont assez variées (matériel, pratiques funéraires et architectures). Le changement le plus remarquable est le mode d’installation. En effet, les sites du PPNB récent au Levant sud sont caractérisés par l’apparition de grands villages appelés « mega-sites » (souvent plus de 10ha) avec des architectures élaborées, comme Ain Ghazal, Basta, Wadi Shu’aib 338 , et ils sont tous abandonnés presque en même temps, à la fin du PPNB. En revanche, les villages fondés nouvellement comportant de la poterie, au Yarmukien, sont généralement beaucoup plus petits que ceux du PPNB, avec un plan de village moins sophistiqué 339 .
Trois causes sont suggérées pour expliquer ce phénomène : une surexploitation de l’environnement par les communautés PPNB, un changement climatique et un changement du système social durant le PPNB récent. En outre, il semble que les chercheurs pensent plus ou moins que le nomadisme pastoral est apparu comme une nouvelle stratégie pour adapter le mode de subsistance aux circonstances de la fin du PPNB.
Le « PPNB collapse » a été considéré par plusieurs chercheurs comme un phénomène général pour toutes les régions de l’horizon PPNB 340 . Cependant, les recherches dans les autres régions ont été beaucoup moins intensives qu’au Levant sud et pour le Levant nord, il faudra donc étudier prudemment les données disponibles.
Cf. Rollefson and Köhler-Rollefson 1989 ; Bar-Yosef 2002a, 2002b ; Bar-Yosef and Bar-Yosef Mayer 2002 ; Kuijt 2004 ; Simmons 2000.
Cf. Mellaart 1975.
Kuijt 2004 : 184.
Gebel 2004.
Kuijt 2004 : 184.
Cf. Bar-Yosef 2001 : 150 ; Bar-Yosef and Bar-Yosef Mayer 2002 : 362.