Chapitre 1. La cohérence urbanisme – déplacements, ou la transcription d’une notion théorique dans les politiques publiques

On peut entendre la cohérence entre urbanisme et déplacements comme une notion plutôt qu’un concept, c’est-à-dire comme une « connaissance intuitive, synthétique et assez imprécise » plutôt qu’une « représentation mentale générale et abstraite d’un objet17 ». Nous allons en effet montrer dans cette thèse le caractère intuitif de l’idée de cohérence entre urbanisme et déplacements, qui n’a jamais fait l’objet d’une stabilisation conceptuelle et méthodologique.

Le premier chapitre a pour principal objectif de préciser les héritages intellectuels majeurs de cette notion, issus de quelques-unes des grandes théories urbaines qui structurent la discipline depuis son invention au milieu du XVIIIe siècle. Sur le temps long, l’approche fonctionnaliste de la cohérence ressort nettement de ces théories, qui l’appréhendent en la réduisant à une conséquence des exercices de composition urbaine, plutôt qu’à l’une des composantes essentielles de toute démarche de planification urbaine.

A partir des années 1980, cette notion a été transcrite dans l’action publique française, d’abord au sein de politiques sectorielles fonctionnalistes (loi d’orientation sur les transports intérieurs), avant d’être intégrée aux approches environnementalistes poursuivies dans la loi sur l’air, au milieu des années 1990, marquant ainsi le basculement de la notion dans une vision post-fonctionnaliste.

Notes
17.

définitions du Petit Robert