3.3. Conclusion : la cohérence par la planification des déplacements urbains ?

Le troisième chapitre de cette thèse a permis de replacer le lancement d’une démarche de projet de territoire pour l’agglomération stéphanoise dans une perspective « généalogiste », en allant chercher des héritages méthodologiques, des influences intellectuelles et des représentations présentes chez les acteurs locaux en termes d’urbanisme et de réseaux de transport, aussi loin que les origines de Saint-Etienne, ville industrielle « champignon » aux XVIIIe et XIXe siècles, ou plus près de nous avec la ville en crise protéiforme et les remise en causes intellectuelles, politiques et méthodologiques provoquées par celle-ci, à partir des années 1970.

Saint-Etienne est passée, au gré des différentes phases de sa déchéance industrielle et démographique, d’une organisation urbaine dense et à forte cohérence spatiale avec ses réseaux de transport, à une « sous-région » urbaine marquée par un étalement urbain important, quoique peu dense, mal structuré et peu hiérarchisé, ainsi que par une « crise urbanistique » des tissus centraux traditionnels : friches, vacance, délabrement.

Saint-Etienne n’est plus un système urbain cohérent, mais nous avons vu que l’on ne peut pourtant pas considérer qu’un « âge d’or » urbain y ait existé. Plusieurs décennies d’échec des tentatives de partenariat et d’intercommunalité, et autant de gestion municipale sans projet politique transversal mais enchainant les opérations au gré des opportunités de l’époque, ont empêché, jusqu’aux années 1990, d’opérer un changement d’échelle et un « changement de braquet » susceptibles d’extirper Saint-Etienne et sa région de la récession urbaine et socio-économique.

Une congruence favorable a pourtant permis de jeter les bases d’un projet de développement partenarial, à la recherche d’une cohérence territoriale, par l’entremise d’une scène de négociation sectorielle et d’un renouvellement de personnes, de méthodes et d’agendas politiques, visant l’organisation de l’action publique. A l’aube du XXIe siècle, le retour de la planification stratégique et du projet de développement territorial s’opère dans l’agglomération stéphanoise, par l’intermédiaire de nouvelles scènes publiques : Plan Local de l’Urbanisme, Plans de Déplacements de Secteurs, Schéma de Cohérence Territoriale…

Mais il nous faut à présent mieux comprendre comment la scène de négociation du PDU a fonctionné entre 1996 et 2004, analyser ce qu’elle a produit et définir quels ont été la place et le rôle de la notion de cohérence entre urbanisme et déplacements dans ce cadre. C’est l’objet du quatrième chapitre.