4.2.5. Ville de Saint-Etienne : une « acculturation » lente au PDU

Le positionnement de la Ville de Saint-Etienne au sein de la scène PDU a lui aussi connu des vicissitudes. Lors de la première phase, jusqu’en 2000, seul Claude Marder, adjoint à l’urbanisme a suivi ponctuellement la démarche. Si le Maire était l’un des initiateurs du PDU pour réformer le SIOTAS et dépasser l’échelle communale, il n’est pas intervenu officiellement dans le déroulement de l’étude.

L’élection d’une nouvelle équipe municipale, en mai 2001, toujours conduite par Michel Thiollière, a modifié le positionnement politique de la Ville : la nouvelle adjointe aux déplacements, Agnès Chanal, a pris part à l’ensemble des instances « civiques » du PDU, puis à sa déclinaison locale (PDS).

‘Quand j’ai été élue en 2001, que j’ai eu cette délégation là, j’étais très surprise, je n’ai absolument aucune compétence technique, sur ça, vraiment aucune. (…) Donc c’est vrai qu’il y a plein de choses que j’ai complètement découvert ! Je n’étais pas écolo, il y a plein de questions que je ne m’étais jamais posées… Et du coup, d’arriver dans cette délégation, ça m’a vraiment fait réfléchir à des tas de choses. Et je me suis rendu compte des incohérences, et puis qu’on n'avait pas tout saisi. [entretien avec A. Chanal (Adjointe VSE)]’ ‘Ce qui m’a manqué, honnêtement, pendant l’élaboration du premier PDU, entre 1995 et 2000, ça a été une véritable implication de la grande ville, que j’ai n’ai pas eue. Les raisons sont multiples. Parce que c’est vrai qu’on ne peut pas organiser des choses comme ça sans que la grande ville soit très présente. Ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui, c’est totalement différent. Je le vois, le Président lui-même est parfaitement motivé, parfaitement au courant de ce qui se fait, et puis il y a des relais maintenant à Saint-Etienne, parce que c’est vrai qu’un projet de déplacements, c’est aussi un projet d’urbanisme. Et puis finalement, c’est un projet de ville, c’est clair. [entretien avec J. Frécenon (VP SEM)]’

Dans la sphère technique, le constat est similaire : les relations ont été difficiles lors du premier PDU, alors qu’une coopération s’est amorcée lors de la révision, et renforcée avec le Plan de Déplacements de Secteur. Une nouvelle fois, c’est Patrick Moreau qui, ayant suivi l’ensemble des deux démarches successives, en dresse le constat le plus complet :

‘Je pense que le gros point négatif reste pour moi la Ville de Saint-Etienne, parce que quelles que soient les personnes qu’on a eues sur la durée, je ne les ai pas vues s’intéresser vraiment. Encore une fois, c’est même l’inverse. Sur les gros dossiers, comme la démolition de la « muraille de Chine », comme sur Bellevue, comme sur les cliniques, comme sur le reconditionnement du GIAT, chaque fois, alors qu’on les interrogeait sur les pistes, sur le devenir, jamais de réunion nous expliquant ce qu’ils voulaient faire. Non, ils venaient aux réunions, ne donnaient aucune info, avec l’impression que systématiquement, ils gardent leurs secrets, et dès qu’on a des idées un peu nouvelles, on n’y voit pas adhérer grand monde. Sur toute la période, moi je reste un peu déçu, étant donné tout ce qu’on a essayé. Tous, que ce soit l’Agence, le SIOTAS, la Stas, étaient prêts à aider la Ville de Saint-Etienne pour essayer de se redonner une certaine prestance, une certaine dynamique, et on n’était pas là pour les embêter. Mais on a toujours l’impression qu’ils le prenaient dans ce contexte là, et ça c’est un peu dommage. (…)
Malheureusement, on est arrivés dans un endroit où aujourd’hui, les gens ont une vision de l’urbanisme vraiment restreinte. Il y a l’exemple d’Alain Cluzet. En tout cas, ils n’ont rien compris de ce qu’on essayait de faire. Et donc après, c’est la frilosité. Les gens n’ont pas compétence de parler d’aménagement ou d’urbanisme. C’est les gens du service urbanisme de la Ville de Saint-Etienne qui peuvent traiter de l’urbanisme. Les autres, ils ne sont pas compétents. Des gens comme J.P. Charbonneau, c’est pareil. C’est des gens qui maintenant ont leur pré carré. Ce sont des incontournables. De temps en temps, ils disent des choses très intéressantes, ce n'est pas qu’ils sont incompétents, mais dans d’autres villes, ils seraient parfois plus ouverts. Ici, ils sont chapeautés par des gens qui ne veulent pas que les choses leur échappent. [entretien avec P. Moreau (STAS)]’ ‘Avec la Ville de Saint-Etienne, on sent qu’il y a des habitudes de travail qui se mettent en place, des objectifs fixés et partagés, même au niveau des DG. Il y a une adhésion au projet. Mais ça n’est pas idyllique quand même ! On est encore beaucoup dans le pré carré du fait du prince… Ca va évoluer. [entretien avec L. Meyer (SEM ADT)]’