4.2.6. La plaine du Forez : une scène de négociation trop précoce ?

Le projet voté en 2000 s’est clairement positionné sur le scénario B (volontariste à l’échelle du SIOTAS), avec l’affichage d’un horizon stratégique plus lointain, l’extension des actions dans la vallée du Gier (variante B’). A cette date, le scénario C semblait politiquement hors de portée : aucun élu de la plaine du Forez (communal ou intercommunal) n’avait manifesté la volonté de prendre compétence sur la question des mobilités quotidiennes.

Dès le premier PDU approuvé, des rencontres ont été organisées avec élus et techniciens du Département et de la plaine du Forez, afin d’étudier l’opportunité et le faisabilité d’un syndicat mixte de transport. Au lancement des études de révision du PDU, en 2002, ces négociations n’avaient pas avancé. Entretemps, les discussions entre élus du canton de Montbrison et de la Communauté de communes Forez Sud avaient été initiées, aboutissant à la création en 2004 de l’une des Communautés d’agglomérations les moins peuplées et les plus rurales de France, Loire Forez. Cette création s’est accompagnée de la prise de compétence obligatoire des transports urbains, pourtant confiée transitoirement au Conseil général.

C’est donc dans un contexte de mutation institutionnelle et de réorganisation politique de la plaine du Forez, que les élus de celles-ci ont été invités à se pencher à nouveau sur les questions de mobilité quotidienne entre leurs communes et Saint-Etienne. Aussi le positionnement de ces intercommunalités est-il resté discret sur la scène PDU.

En ce sens, plusieurs observateurs locaux considèrent que la « main tendue » vers les acteurs politiques de la plaine du Forez s’est révélée être trop précoce pour qu’elle aboutisse à un partenariat institutionnel, technique et financier, d’autant que le déséquilibre était patent entre les nouveaux acteurs de la plaine du Forez, inexpérimentés, et Saint-Etienne Métropole, également nouvel entrant mais bénéficiant de l’expérience et des acquis du premier PDU réalisé par le SIOTAS :

‘Pour la plaine, c’est quand même différent, parce que, là aussi, je le dis sans mépris aucun, et sans vouloir faire preuve de suffisance, on n’est quand même pas au même niveau de développement. La forme urbaine n’est pas la même, la présence d’une agglomération de 200 000 habitants n’existe pas, donc, on ne pouvait pas avoir de ce côté-là la même démarche. Et puis alors, il y a un obstacle de taille, c’est tous les problèmes de financement. Et on ne fait pas un réseau de transport collectif assez fort sans mettre en place les moyens financiers, qui passent par le versement transport. Et je ne sais pas si nos collègues de la plaine sont décidés à le mettre en place. [entretien avec J. Frécenon]’ ‘La plaine du Forez a validé le PDU par voie de courriers officiels ; ils sont au courant de notre démarche et de nos objectifs. Les autres acteurs sont aussi légitimes que nous, mais ils ne sont pas encore au même niveau. Et ce n’est pas à Saint-Etienne Métropole de résoudre leurs problèmes de déplacements. (…) Mais il faut qu’ils avancent ! Que ce soit Forez-Sud, Pays de Saint-Galmier ou Loire-Forez, ils se sont créés en même temps que nous, donc à eux de se bouger pour arriver à faire quelque chose à la même vitesse que nous. [entretien avec S. Liaume (SEM ADT)]’ ‘Nous avons tendu la main aux gens de la plaine, parce qu’ils avaient regretté de ne pas être là dans le premier PDU. Politiquement, il y a eu accord sur un certain nombre d’affichages. Mais on ne sent pas aujourd’hui la plaine rebondir sur cet affichage-là. Aujourd’hui, ils sont en position d’attente, alors qu’ils devraient être en position de demandeurs. A mon avis, ce serait à eux maintenant de prendre ce qui a été dit dans le PDU de Saint-Etienne Métropole, et de nous dire « allez, chiche, on le fait ». Je pense qu’ils auraient un accueil qui ne serait pas forcément mauvais. Nous, après, on s’est recentrés sur notre territoire, c’est assez logique. [entretien avec L. Meyer (SEM ADT)]’ ‘Il est vrai qu’il n’y a pas, de la part du Conseil général de la Loire ou des Communautés de la plaine du Forez, d’expérience, d’histoire du transport public. Donc on en est encore à un degré faible d’implication dans les transports publics. Je fais le pari, aujourd’hui, que ça ne peut pas durer, tout simplement parce que les populations vont exiger un certain nombre de choses. Chez nous, dans l’agglomération stéphanoise, elles prennent l’habitude d’un niveau de service. Comme il n’y a pas de frontière étanche entre Saint-Etienne Métropole et la plaine du Forez, et que les gens font la navette 2 ou 4 fois par jour entre leur domicile et leur lieu de travail, il est probable qu’ils auront des exigences fortes dans les années à venir dans la plaine du Forez. [entretien avec M. Thiollière (Maire de Saint-Etienne, Président de SEM)]’