4.3. Conclusion : une coalition d’acteurs, deux périodes, trois niveaux d’implication

Le quatrième chapitre de cette thèse a été consacré à dresser le panorama de l’implication des acteurs locaux dans la démarche d’élaboration d’un PDU pour l’agglomération stéphanoise. A partir d’archives, d’observation directe et d’entretiens individuels, nous avons identifié une coalition d’intérêt associant, à des degrés divers, l’ensemble des acteurs locaux concernés par un projet de développement centré sur les déplacements urbains.

Cette coalition a évolué dans le temps, en fonction des instances organisées au sein de la scène de négociation PDU, et du positionnement de l’institution ayant la légitimité et le leadership pour piloter la démarche (le SIOTAS puis Saint-Etienne Métropole).

Nous avons également montré que la démarche PDU doit être considérée comme la création d’une coalition d’intérêt (à finalités institutionnelles et financières) plutôt que comme une véritable scène de coopération.

Ce qui relie les acteurs au sein de la scène PDU tient en effet davantage d’un intérêt pour la justification et le subventionnement de « grands projets – solutions » que d’une volonté partagée de cohérence de l’action de chacun et de convergence d’horizons stratégiques.

Il ne faut pourtant pas minorer la portée des coopérations, échanges et validations réalisées dans le cadre de la démarche PDU : l’essentiel, au regard de la présentation du contexte stéphanois opérée dans le troisième chapitre, est que la mise à l’agenda des questions de déplacements urbains a entraîné, dans l’agglomération stéphanoise, la structuration d’une coalition d’acteurs, au service d’un projet politique partagé. Cet « acquis » vient en contrepoint de la situation préexistante de « prés carrés » et de répartition « féodale » des compétences et des périmètres, et montre que l’agglomération stéphanoise a, « enfin », basculé dans une nouvelle ère de gouvernement territorial supra-communal.

La coalition créée par le PDU s’est organisée, en deux phases de repositionnement des acteurs, et selon trois niveaux d’implication. Autour du « club » central, de la « bulle », ont gravité des organismes et des institutions qui ont participé à la production de la scène, et ont été influencés par elle (en termes de méthode, de définition de l’horizon stratégique, de rapports de force entre organisations).

Après analyse du positionnement relatif des acteurs, et approfondissement de leurs motivations et argumentations motivant leur implication dans la scène de négociation, il apparaît clairement que la coalition n’est pas « monolithique », mais traversée par des tensions (cas des relations entre Saint-Etienne Métropole et Conseil général), et structurée par des niveaux d’implication différenciés, entre un Etat local pédagogue, une ville-centre partagée entre repli sur son « pré carré » et adaptation au nouveau contexte institutionnel, ou bien encore une Communauté d’agglomération structurant une de ses compétences phares sur les bases d’un projet de territoire hérité d’une structure plus ancienne, tout en n’ayant de cesse d’affirmer sa légitimité face à ses partenaires.

Au-delà de l’existence d’une coalition d’acteurs, structurée par une démarche, très sectorielle, de planification des déplacements urbains, nous pouvons à présent nous interroger sur ce qu’a « produit » la scène de négociation : assiste-t-on à la transcription opérationnelle de propositions améliorant concrètement la cohérence entre urbanisme et réseaux de transport, ou bien peut-on déceler des résultats d’ordre organisationnels sur le réseau d’acteurs mobilisé dans l’agglomération stéphanoise ? L’analyse de la production de la scène PDU est l’objet du cinquième chapitre de cette thèse.