Chapitre 5. Le PDU stéphanois, ou la cohérence comme convention d’organisation

Après avoir détaillé, dans le chapitre 4, l’organisation des différentes instances qui composent la scène de négociation du Plan de Déplacements Urbains et l’implication des acteurs en leur sein, il est désormais possible de chercher ce qu’il est ressorti de cette scène.

En premier lieu, il s’agit de placer l’analyse au niveau de l’individu. Comment un acteur, membre de la scène, articule-t-il son positionnement entre sa posture officielle, les tractations plus officieuses, et la poursuite d’un horizon stratégique lointain ? C’est le cadre d’analyse tactique-stratégique, proposé par Max Sanier et Philipe Corcuff, qui nous permettra d’approfondir cet axe de questionnement.

Ainsi que nous l’avons vu dès le chapitre 2, il ressort par ailleurs du travail initié par V. Kaufmann que les représentations et les valeurs des acteurs sont des déterminants aussi influents que les éléments de structure et de contexte dans la compréhension des modalités de structuration d’un horizon stratégique, que l’on peut définir comme une « ligne de fuite lointaine » de l’action publique partagée par un « club » d’acteurs qui en ont une représentation convergente, à l’opposé donc d’un objectif arrêté et précisément circonscrit, caractéristique de cadres d’analyses « classiques » des décisions. C’est pour cela que nous utiliserons la parole des principaux membres de la scène pour y déceler la « part d’imaginaire » qui a motivé leur investissement.

En second lieu, on peut également analyser la production de la scène de négociation PDU à une échelle collective. La recherche – partagée – d’une cohérence territoriale entre urbanisme et réseaux de transports dans l’agglomération stéphanoise à terme, permet d’appréhender les modalités de co-élaboration des projets et de coordination des procédures.

A travers ces deux échelles d’analyse de la production de la scène de négociation, nous pourrons ainsi montrer dans ce cinquième chapitre que le PDU stéphanois a organisé une convention d’organisation entre acteurs, répondant de manière originale à l’injonction nationale de cohérence territoriale, et rompant avec les habitudes de production de planifications urbaines fonctionnalistes, héritées de la LOF de 1967 et des représentations « traditionnelles » de la cohérence entre urbanisme et déplacements.