4.La cohérence urbanisme – déplacements

4.1.Notion revenue sur le devant de la scène, liée au DD. Mais loi SRU l’affirme comme une injonction, sans définir précisément de méthodes, d’objectifs. Pour vous, est-ce une notion abstraite ou concrète ?

Je dirais qu’il y a une sorte de ligne de conduite que nous donne l’Etat à travers la loi SRU. Il y a une forme d’injonction. Maintenant, comme toujours dans notre pays, si ça reste au niveau des injonctions, si ça reste au niveau des lois – cadres, ça n’a pas de réalité locale. Donc je crois que ce qu’il faut faire, pour être concret, c’est s’inspirer de ce cadre général, parce qu’il va dans le bon sens, quand on dit qu’il faut respecter l’environnement, ne pas gaspiller l’énergie, rendre les territoires cohérents, éviter l’étalement urbain, tout ça, ça va dans le bon sens ! Après, ce qu’il faut trouver, c’est la recette locale, qui fasse que ça devienne quelque chose de concret. Donc, la formule c’est « penser global, agir local », moi je dirais que c’est presque « penser local, agir local »… Parce que si on pense que ça se passe ailleurs, ça ne se passe pas ! Donc il faut que ça se pense ici… Il faut qu’on s’inspire de ces lois, de ces règlements, qui franchement ne sont pas toujours admis et compris par les élus locaux. Moi, j’ai des services qui m’aident, mais je me mets à la place d’un élu de ville moyenne : il n’en peut plus de recevoir des lois, donc il les laisse de côté ou les met à la poubelle, et donc, on n’a rien gagné ! Il faut donc laisser de l’initiative locale, tout en s’inspirant du cadre général, pour trouver les bonnes solutions localement.

4.2.Quelle utilité de cette notion pour vous dans la réflexion ? dans la décision ? plutôt une notion théorique, déconnectée, ou bien mot d’ordre qui renvoie à un objectif poursuivi ?

En tant qu’élu, la cohérence, on n’y pense pas de façon conceptuelle ! On n’est pas des techniciens, ça n’est pas notre métier… Notre travail à nous élus, c’est d’être un bon interface entre ce à quoi réfléchissent les techniciens, ce que demande l’Etat et les lois, et le terrain, ce que vivent et demandent nos concitoyens, que nous représentons. On n’est pas des super-techniciens, on représente la population. Mais avertis par les techniciens, alertés par les lois, il faut éclairer la population, lui expliquer qu’on ne peut pas laisser les choses en l’état. On fait donc remonter l’information, on met en œuvre ce que souhaite la population, mais on a aussi un rôle de pédagogie pour faire naitre un projet collectif. Un élu, c’est l’articulation entre ces différentes sphères. Personne ne m’a jamais fait de pétition pour avoir la deuxième ligne de tramway ! Par contre j’en reçois tous les jours me demandant une ouverture de classe ou le déplacement d’un abribus ! Donc je ne peux pas être que le représentant de la population, sinon on ne fait pas de projet urbain… Mais c’est la démocratie, on ne peut pas non plus négliger tout ça. Mais quand on explique et qu’on fait réfléchir les gens, finalement, ça ne se passe pas si mal.

4.3.Cohérence loi SRU très différente cohérence dans docs de planification des années 1970 : approche plus organisationnelle, plus pragmatique, mais aussi plus floue. Pourtant, injonction assez directive de cohérence DE RESULTAT, sur le terrain. La loi est-elle bien faite ? Peut-on localement aboutir à un système urbain cohérent sans mode d’emploi ? Qu’est-ce qui importe le plus : l’organisation des acteurs, ou la transcription spatiale d’une politique ?

Je pense que votre intuition est bonne ! Je pense que ce qui est plus important que la loi au sens littéral du terme, c’est, pour le coup, l’esprit de la loi. C’est-à-dire qu’il faut en dégager l’essence même, ce qui fait qu’on en retient la volonté générale. La volonté générale, ici c’est d’organiser un territoire plus cohérent, moins gaspilleur, moins dispendieux, plus solidaire à tous points de vue. L’esprit de cette loi oblige à travailler ensemble, à se fédérer, à construire ensemble, à dialoguer et se concerter… Donc on en retirera forcément quelque chose de positif ! Même si ce n’est pas de la manière précise souhaitée par la loi… En tant que parlementaire, je vois bien que bon nombre de lois partent d’une générosité initiale. La proposition de loi faite par un parlementaire n’est pas là pour dire ce qu’il faut faire au quotidien de manière précise, mais elle est là pour indiquer un cap. Parfois, l’administration centrale a tendance à vouloir mettre en musique tout ça… Et quand on est parlementaire, on essaie justement de se défaire de ce carcan trop rigide. Ce qui est important, c’est de fixer un cap, et que tout le monde soit obligé de s’y conformer. On le voit avec les 20 % de logement social : ce qui compte, ce n’est pas les chiffre de 20 %, mais le fait que chacun doive participer à l’effort… Mais je reconnais que si on ne met pas un objectif chiffré, on ne fait rien… Mais à l’époque, c’était Gayssot, j’avais trouvé l’esprit de cette loi plutôt intéressant. Et rendre plus cohérent le travail urbain / déplacements, ça me paraît une exigence nécessaire ! Si on y arrive en 10 ans, tant mieux, s’il faut 20 ans, c’est mieux que rien !