1.1. Des connaissances abstractives : des concepts

Les modèles présentés dans cette section découlent des théories d’une mémoire à systèmes multiples séparés. Dans cette théorie « multi-systèmes », la mémoire est décomposable en un ensemble de sous-systèmes distincts dans lesquels les connaissances peuvent prendre différentes formes. Les chercheurs qui ont développé ces modèles ont pu ainsi répertorier un certain nombre de type de connaissances (procédurales, sémantiques, épisodiques, etc. – cf. Figure suivante).

Figure 1 : Synthèse de l'architecture de la mémoire
Figure 1 : Synthèse de l'architecture de la mémoire

La mémoire à court terme est définie comme un lieu de stockage transitoire, à capacité limitée (7 - plus ou moins 2 - items, Miller, 1956). La mémoire à long terme est, au contraire, un vaste lieu de stockage contenant des informations pour une durée de rétention illimitée. Selon Anderson (1983), cette mémoire à long terme serait elle-même décomposable en deux sous-systèmes fonctionnels : la mémoire explicite et la mémoire implicite. La mémoire explicite (ou « déclarative ») permettrait le rappel conscient de faits et d’événements, alors que la mémoire implicite ou procédurale (encore appelée « non déclarative ») serait engagée dans la récupération non nécessairement consciente d'un ensemble hétérogène d'informations. Chacun de ces sous-systèmes mnésiques serait encore décomposable en modules distincts. Nous ne présenterons pas ici plus finement les distinctions entre les modules de la mémoire implicite, nous intéressant plutôt aux sous-systèmes de la mémoire explicite dont un module serait dévolu au stockage des connaissances sémantiques et l’autre au stockage des connaissances épisodiques.

La mémoire épisodique contiendrait les événements vécus par le sujet et inscrits dans un contexte spatio-temporel. Ce serait la mémoire du souvenir. La mémoire sémantique contiendrait, quant à elle, les connaissances relatives au savoir. Plus ou moins abstraites, ces connaissances seraient récupérables de façon automatique et seraient acontextualisées. Contrairement aux connaissances contenues dans la mémoire épisodique, les connaissances en mémoire sémantique ne seraient pas susceptibles d’oubli en l’absence de pathologie.

Ainsi, pour ce genre de modèles, les connaissances sémantiques (objet du présent chapitre) sont considérées comme des abstractions amodales. L’unité mnésique principale est une unité de sens, autrement dit un concept. Suivant le modèle présenté, ce concept peut être un nœud dans un réseau (Collins et Quillian, 1969 ; Collins et Loftus, 1975 ; Anderson, 1983), une combinaison de traits (Smith, Shoben et Rips, 1974 ; Hoffmann, 1982) ou un prototype (Rosch et Mervis, 1975).