1.1.2. Concept : Combinaison de traits

1.1.2.1. Les travaux de Smith, Shoben et Rips (1974)

À partir d’observations expérimentales, Smith, Shoben et Rips (1974) ont démontré que le modèle de Collins et Quillian ne permettait pas d’expliquer tous les phénomènes observés dans l’étude de la mémoire. En effet, Smith, Shoben et Rips, ont montré que certains exemples d'une catégorie peuvent être vérifiés plus rapidement que d'autres. Les participants peuvent vérifier l’énoncé « un merle (ou un moineau) est un oiseau » beaucoup plus rapidement que l’énoncé « une autruche (ou un pingouin) est un oiseau ». Cette première constatation est inexplicable avec le modèle de Collins et Quillian, puisque, rappelons-le, selon ce modèle, le temps de vérification dépend du nombre de niveaux séparant les limites, le concept et la propriété. Or, puisque tous les exemples de la catégorie d'oiseau sont au même niveau, il ne devrait y avoir aucune différence dans le temps de vérification. De plus, leurs travaux ont montré qu’il était plus rapide de vérifier que « le chien est un animal » par rapport à l’énoncé « le chien est un mammifère ». Ces résultats sont à l’opposé de ce que prédit le modèle de Collins et Quillian puisque la vérification chien-animal implique de traverser deux niveaux dans la hiérarchie tandis que la vérification chien-mammifère n’en implique qu’un.

Ainsi, sur la base de ces observations, Smith, Shoben et Rips ont proposé une alternative au modèle de Collins et Quillian, en définissant un modèle par combinaison de traits, pour défendre l’idée que les concepts sont définissables par une liste de caractéristiques ou traits (ou encore propriétés). Dans ce type de modèle, un rôle central est donc donné aux attributs des objets qui déterminent l'organisation des connaissances en mémoire sémantique.

Dans le modèle de Smith, Shoben et Rips, les traits associés à une catégorie varient suivant leur importance pour la définition de celle-ci. Ainsi, une distinction est faite entre les traits définitoires (jugés comme nécessaires et suffisants pour la description de la catégorie) et les traits occasionnels. Par exemple, le concept « oiseau » est stocké en mémoire comme l’ensemble des traits « a des ailes », « peut voler », « a des plumes », etc. Le trait « a des plumes » est essentiel au concept « oiseau » alors que d’autres traits comme la taille, la couleur sont considérés comme non définitoires ; ils sont caractéristiques d’un seul exemplaire. Ainsi, les membres typiques d’une catégorie, tel que le merle pour la catégorie « oiseau », sont ceux qui possèdent plusieurs des caractéristiques de la catégorie ; les membres atypiques de catégorie, tels que l'autruche, sont ceux qui possèdent peu des caractéristiques de la catégorie.