1.2.3. Trace unique composite

Les modèles présentés dans cette section considèrent les connaissances stockées en mémoire comme des traces uniques composites qui, contrairement aux autres modèles, ne seraient pas localisées mais distribuées sur l’ensemble d’un réseau. Deux types de modèles postulent l’existence de ce type de trace, ce sont les modèles néo-connexionnistes (Murdock, 1982 ; Metcalfe Eich, 1982, 1991) et les modèles connexionnistes (McClelland et Rumelhart, 1986 ; les modèles ART de Grossberg, 1976 ; le modèle de Masson, 1995). Pour tous ces modèles et notamment pour celui de Murdock ou celui de McClelland et Rumelhart (développés ci-dessous), la mémoire est épisodique et la trace mnésique n’est pas une entité distincte et localisée mais composite et distribuée.

Le modèle TODAM (Theory of Distributed Associative Memory) de Murdock (1982, 1983) est un modèle néo-connexionniste qui représente les informations en mémoire sous la forme de vecteurs contenant des attributs. Dans ce contexte théorique, la mémoire sémantique émergerait de la généralisation de traces épisodiques. Il peut rendre compte d'un grand nombre de phénomènes, comme le rappel, la reconnaissance, la catégorisation ou l'abstraction de prototypes. Il fournit également des règles d'encodage et de récupération, mais il ne précise ni la nature des représentations, ni d'où proviennent les coordonnées des vecteurs qui codent l'information. L’intérêt de ce modèle est de postuler que les traces ne seraient pas localisées mais distribuées sur l’ensemble d’un réseau. De nombreux travaux sont en accord avec cette conception d’un réseau distribué ; en effet, dans une étude réalisée en 1999, Chao, Haxby et Martin mettent en évidence que les informations à propos des objets sont stockées dans un réseau distribué incluant des régions responsables du stockage des informations spécifiques relatives aux objets tels que la forme ou le mouvement.

Parallèlement aux modèles néo-connexionnistes, les modèles connexionnistes comme celui de McClelland et Rumelhart postulent que les traces en mémoire sont composites et distribuées. Les travaux de McClelland et Rumelhart sont précurseurs dans la conception connexionniste, ils proposent dès 1986 le modèle PDP (Parallel Distributed Processing). McClelland et Rumelhart (1986) pensent que le support de la mémoire est une série de modules formant un vaste réseau. Ce système serait constitué de milliers de modules en interaction, chaque module recevant et envoyant de l’information à des dizaines d’autres modules. Un module serait donc un lieu de traitement, capable de combiner des informations en provenance de plusieurs sources. Selon McClelland et Rumelhart (1986), chaque image d’objet est stockée en mémoire sous la forme d’une configuration précise de neurones, ces derniers étant reliés entre eux de façon excitatrice, mais aussi inhibitrice.

Figure 9 : Modèle PDP proposé par McClelland et Rumelhart (1986)
Figure 9 : Modèle PDP proposé par McClelland et Rumelhart (1986)

Selon J. McClelland, le néocortex, grâce à sa structure en « filet de pêche », enregistre l’état du monde en même temps qu’il le perçoit. Mais cet apprentissage est très lent car les réseaux de neurones ne se transforment que s’ils ont été sollicités un grand nombre de fois. Pour apprendre les évènements uniques (mémoire épisodique de Tulving), c’est l’hippocampe qui serait capable de retenir quels neurones étaient actifs lors d’un évènement unique et de les réactiver lorsque nous repensons à cet évènement.