1.2.4.1. Des traces distribuées

Les traces mnésiques stockées dans cette mémoire ne sont pas localisées (contrairement à Hinztman), ni indépendantes les unes des autres, mais distribuées sur un ensemble de composants ou modules. Ce serait l’ensemble du cerveau qui serait mis en jeu dans la constitution des connaissances, le stockage et la récupération.

Cette conception distribuée se retrouve chez Edelman (1992). Ce dernier pense que les différentes propriétés d’un objet traitées par différentes parties du cerveau sont réunies de manière à produire une perception singulière et unifiée. Toujours pour Edelman, le cerveau est un système adaptatif où sont à l’œuvre les processus que décrit Darwin à propos des espèces : la variabilité, la sélection et la préservation des réponses les plus appropriées. Les unités sur lesquelles opèrent ces processus sont les groupes neuronaux qui constituent le système nerveux. Ces groupes neuronaux se constitueraient par divers mécanismes de sélection. Une première sélection a lieu au cours du développement à travers des mécanismes cellulaires, puis une seconde forme de sélection se fait tout au long de la vie à travers l’expérience individuelle. En effet, certains circuits neuronaux vont être privilégiés au détriment d’autres, car donnant des réponses plus adaptées au contexte, ils sont plus sollicités. Ces circuits forment des « cartes cérébrales », les informations seraient représentées dans la mémoire par des groupes de cellules corticales, appelés « carte » par Edelman. Les agencements de ces circuits se modifient sans cesse en fonction de leurs configurations antérieures et du contexte actuel.

Damasio (1989) a, quant à lui, proposé une théorie assez proche de celle d’Edelman en développant un modèle d’architecture composée de multiples systèmes neuronaux. Selon lui, toute expérience perceptive impliquerait une activation neuronale simultanée dans de multiples régions du cerveau et principalement dans les aires sensori-motrices. Le traitement de l’information se ferait en parallèle avec de multiples activations simultanées qui vont permettrent à des représentations différentes d’émerger. De la même façon, le modèle de Versace et al. (2002) considère que les connaissances mnésiques émergent de la réactivation conjointe et simultanée de patterns neuronaux spécifiques et distribués sur l’ensemble du cerveau. Ces patterns codent les différentes dimensions constitutives des connaissances, le caractère multidimensionnel de la trace mnésique étant sa deuxième caractéristique.