3.2. Des connaissances situationnelles – fonctionnelles 

3.2.1. Le « Perceptual Symbol System » (PSS) de Barsalou

Nous avons dit que dans le modèle de Versace, Nevers et Padovan (2002), la confrontation à un objet est supposée activer de façon automatique toutes les dimensions sensorielles et motrices associées à cet objet. Barsalou (1999) a développé un modèle, le « perceptual symbol system model », qui rend compte des mécanismes d’activation mis en jeu dans la catégorisation. Dans son modèle, Barsalou propose que toute forme de connaissance est rattachée à des expériences perceptivo-motrices et émotionnelles, et n’émerge que par la ré-évocation de ces expériences. Les perceptions sont donc mises au premier plan. Selon Barsalou, lorsque nous sommes confrontés à un objet, celui-ci va activer toutes les aires sensorielles relatives à ce stimulus (face à une voiture, vont être activées les aires traitant la couleur, la forme, le bruit, etc.).

Figure 21 : Perceptual Symbol System de Barsalou (1999)
Figure 21 : Perceptual Symbol System de Barsalou (1999)

Parallèlement à ces activations des aires sensorielles, motrices et émotionnelles, les aires associatives vont enregistrer les pattern d’activations engendrées par la stimulation (ceci n’est pas sans rappeler les zones de convergence de Damasio, 1989). Ces patterns d’activation stockés permettent ultérieurement la réactivation, la ré-evocation de l’objet même en son absence. La similarité entre les multiples activations engendrées par la confrontation à différents exemplaires d’une même catégorie, permet le renforcement et donc la construction de ce que Barsalou appelle des symboles perceptifs, c’est-à-dire des résumés des expériences, schématisant leurs principales caractéristiques perceptuelles et se modifiant au fur et à mesure des expériences. Ces symboles perceptifs seraient fortement liés à des simulateurs qui nous permettraient de générer des simulations d’objets (ou d’événements) en leur absence. Les simulateurs sont en fait équivalents aux concepts et les simulations sont les différentes instanciations des concepts. Le résultat de ces simulations serait fortement dépendant de facteurs inhérents au contexte (l’état du sujet, les buts, etc.).

Ainsi, les connaissances engendrées par les simulateurs dépendent du contexte et plus largement du fonctionnement cognitif en jeu, elles sont donc fonctionnelles et situationnelles. D’autres travaux vont également dans le sens de ce caractère situationnel des activations et des connaissances qu’elles engendrent.