3.3.1. Le mécanisme d’intégration

Le modèle de Versace et al. (2002) postule qu’au fur et à mesure que les dimensions sensorielles, motrices sont activées, un processus d’intégration se mettrait en place, processus nécessaire à l’émergence d’une connaissance cohérente. Cette façon d’envisager l’émergence des connaissances n’est pas sans rappeler les mécanismes proposés par Treisman et collaborateurs. En effet, même si ces théories s’appliquent à un autre domaine qui est celui de la perception visuelle et de l’attention, les processus impliqués sont très similaires. Dès 1980, dans leur théorie d’intégration des traits (feature-integration theory), Treisman et Gelade proposent que l’identification visuelle est un processus décomposable en deux mécanismes : un premier de détection de traits et un second de combinaison et d’intégration de ces traits pour la construction d’un tout unitaire. Il convient de noter que, même si le processus d’intégration proposée par Treisman se rapproche de ce que postule notre modèle, il n’en reste pas moins que Treisman se situe dans une conception de la mémoire (dite structurale) très éloignée de celle de notre modèle qui lui, se rapprocherait plus de celle de Cowan (1988).

De nombreux travaux mettent ainsi en évidence l’existence de mécanismes d’intégration intermodale qui apparaissent très tôt dans le fonctionnement cognitif, avant même l’intervention de l’attention, contrairement à ce que prévoyait Treisman. En effet, pour Treisman, un traitement attentionnel est nécessaire à l’intégration des dimensions des stimulus. Ces processus intégratifs ont un rôle essentiel dans nos comportements puisqu’ils permettent notre perception des évènements ou d’objets formés d’éléments de plusieurs modalités.