3.3.1.1. Exemple des illusions perceptives

L’effet McGurk (McGurk et McDonald, 1976) est un exemple qui met en évidence des effets d’interaction engendrant une illusion perceptive. Cet effet McGurk est dû à l’influence de la perception visuelle du mouvement articulatoire des lèvres sur la perception auditive de la parole. Dans leur expérience, les auteurs montrent que la perception auditive de la syllabe /ba/ est modifiée par la perception simultanée du mouvement des lèvres articulant la syllabe /ga/, la syllabe finalement perçue étant la fusion des syllabes /ba/ et /ga/ en l’occurrence /da/. Cet effet persiste même lorsque les sujets connaissent la nature de l’information unimodale.

Plus récemment, Massaro et Stork (1998) ont montré que cet effet pouvait également être observé pour des phrases. La présentation visuelle de la phrase « my gag kok me koo grive » présentée simultanément à la séquence sonore « my bab pop me poo brive » induit la perception de la phrase « my dad taught me to drive ». Ainsi ces deux résultats montrent bien que l’intégration des informations visuelles et auditives intervient de manière irrépressible dans le fonctionnement cognitif.

Une autre illusion dans laquelle la vision altère l’audition est le phénomène de ventriloquie. Il apparaît à travers ce phénomène que la perception d’un mouvement articulatoire peut influencer le jugement de la localisation d’une source sonore. En effet, lorsqu’un ventriloque parle en évitant de bouger les lèvres et en animant la bouche d’une marionnette, la parole est alors attribuée à cette dernière. Ainsi la vision peut altérer l’audition, l’inverse existe aussi. En effet, Shams et al (2000, 2002) ont montré qu’un simple flash lumineux pouvait être perçu comme une succession de plusieurs flashs lorsqu’ils étaient accompagnés de plusieurs « bips » auditifs.

Il existe bien d’autres expériences qui montrent que notre cerveau peut être trompé par l’interaction entre deux modalités sensorielles. Par exemple la couleur peut influencer nos perceptions gustatives et olfactives. Dubose et al. (1980) ont montré que le goût d’une boisson aromatisée à la cerise sera jugée de façon correcte lorsqu’elle est colorée en rouge alors que son goût sera perçu comme celui de l’orange si la boisson est colorée en orange. De la même façon, l’odeur d’un vin blanc colorée en rouge sera décrite comme celle du vin rouge (Morrot et al. ; 2001). La couleur d’un aliment induit ainsi des illusions gustatives et olfactives.

Tous les travaux présentés dans cette section mettent en évidence l’existence d’interactions multisensorielles qui induisent une illusion. Ces cas ne sont pas heureusement les plus fréquents dans notre quotidien et il existe des situations « non illusoires » qui mettent en évidence ces interactions multisensorielles (cf. ci-après).