2.2. Expérience 3

2.2.1. Objectifs et hypothèses

Cette expérience, ainsi que la suivante, fait partie du travail de recherche d’Elodie Labeye et Ali Oker, étudiants que co-dirigés dans le cadre de leur Master 1 de Psychologie Cognitive. L’objectif de l’expérience était toujours de montrer l’existence d’un effet d’amorçage moteur à court terme. Cependant, pour cette expérience, nous n’avons pas essayé de préactiver la main utilisée pour la réponse à la cible mais plus directement la similarité entre les représentations motrices associées à l’amorce et à la cible. Les amorces et les cibles étaient des images d’objets associés à des gestes typiques de préhension. Ainsi, nous nous attendions à ce que les participants répondent plus rapidement à la cible lorsque celle-ci était précédée d’une amorce impliquant le même geste de préhension.

De plus, au delà du lien « moteur » qui peut exister entre l’amorce et la cible, celles-ci appartiennent ou non à la même catégorie sémantique. Cette manipulation d’un facteur « Catégorie sémantique » nous permettra de montrer si les connaissances dites sémantiques sont issues de l’activation et de l’intégration de composants perceptuels.

La manipulation du temps de présentation de l’amorce entre cette expérience et la suivante va permettre de montrer qu’il existe deux mécanismes bien distincts : un premier mécanisme d’activation, très précoce, qui apparaîtra avec un temps de présentation de l’amorce très court et un second mécanisme, celui d’intégration, qui intervient un peu plus tard et donc avec un temps de présentation de l’amorce un peu plus long.

La tâche à réaliser dans cette première expérience était une tâche de catégorisation, les participants devant juger si la cible représente un ustensile de cuisine ou un outil. Cette cible, lorsque elle représentait un objet, était précédée d’une image-amorce, présentée pendant 100 msec dans l’expérience 3 ou 300 msec dans l’expérience 4, appartenant ou non à la même catégorie sémantique et impliquant ou non le même geste de préhension.

Nous avons donc fait l’hypothèse qu’une exposition à l’amorce de 100 msec doit permettre une activation de ses composants, dont les composants moteurs, mais pas leur intégration. L’activation de chacun des composants pourra donc s’exprimer de façon autonome. Dans ce cas, nous prédisions des effets facilitateurs additifs de la congruence entre les composants moteurs de l’amorce et de la cible et de la congruence catégorielle entre l’amorce et la cible.

Lorsque l’amorce était présentée pendant 300 msec, l’intégration de ses composants avait le temps d’intervenir. Parmi ces composants figurent les composants moteurs mais aussi d’autres composants partagés par les objets d’une même catégorie. Dans ce cas, l’effet facilitateur de la congruence motrice ne devrait pouvoir s’exprimer que si les objets sont de catégorie identique. Lorsque l’amorce et la cible appartiennent à des catégories différentes, les représentations émergeant de l’intégration multimodale sont globalement très différentes l’une de l’autre.