Chapitre 3 : Amorçage intersensoriel à long terme

Les deux séries d’expériences précédentes ont permis de démontrer l’existence d’un amorçage à court terme intersensoriel et moteur. En effet, nous avons pu observer que la présentation (auditive ou visuelle) d’un objet activait de façon automatique les autres dimensions sensorielles ou les dimensions motrices associées à cet objet.

L’objectif de cette troisième série d’expérience est de mettre en évidence la nature mnésique des représentations perceptuelles impliquées dans les expériences à court terme précédentes. En effet, au-delà de confirmer les résultats précédents, cette série d’expérience va nous permettre de montrer que les dimensions sensorielles et motrices sont des composants constitutifs d’une trace mnésique.

Cette série d’expérience est composée de 4 expériences. La première et la seconde expérience ont pour objectif de montrer l’existence d’un amorçage à long terme intermodal. L’expérimentation comporte deux phases, une phase d’apprentissage et une phase test. Lors de la phase d’apprentissage, nous allons présenter aux sujets des images associées naturellement à des sons mais sans présenter les sons correspondants. Nous faisons l’hypothèse que cette présentation de stimuli visuels va activer et renforcer les représentations auditives associées aux images. Dans la phase test, les sujets devront effectuer une tâche de catégorisation sur des sons ; ces sons étant soit les sons correspondant aux images présentées à l’encodage soit non associés à ces images. Nous faisons l’hypothèse que les temps de réponse pour juger les sons associés (appelés anciens) seront plus courts que ceux pour juger les sons non associés (appelés nouveaux).

La troisième expérience (composée des expériences 3-A et 3-B) va nous permettre de confirmer l’origine perceptuelle de l’amorçage. En effet, pour tester le caractère véritablement sensoriel du renforcement et non pas conceptuel, nous avons mis en place dans cette troisième expérience, une condition « interférence », condition pour laquelle les sujets sont confrontés en phase d’apprentissage aux mêmes stimuli visuels mais avec la présentation simultanée d’une interférence auditive afin que l’activation de la représentation auditive soit fortement perturbée.

Enfin, la quatrième expérience (composée elle-même des deux expériences 4-A et 4-B) va nous permettre de montrer que cette activation des dimensions sensorielles peut aussi se réaliser à partir d’un matériel verbal. Aussi, en phase d’encodage, ce sont des mots que le sujet devra catégoriser ; ces mots seront soit vus sur l’écran de l’ordinateur soit entendus à travers un casque auditif. Afin de tester le caractère sensoriel de notre amorçage, les mots seront ou non accompagnés d’un stimulus-interférent. En phase test, les sujets devront effectuer une tâche de catégorisation sur des images en ce qui concerne l’expérience 4-A et sur des sons pour l’expérience 4-B ; ces sons ou ces images étant soit associés à des mots présentés à l’encodage seul, soit associés à des mots présentes à l’encodage avec un stimulus interférent, soit non associés à ces mots. Nous nous attendions à obtenir également pour ces stimuli un amorçage sensoriel à long terme.