3.4.3. Discussion

L’analyse des latences ainsi que l’analyse des pourcentages de bonnes réponses ont toutes deux montrer un effet principal du facteur « Groupe ». Les participants obtiennent de meilleures performances, en l’occurence des temps de réponse plus courts et des pourcentages de bonnes réponses plus élevés dans la condition « Interférence ». Ainsi, lorsqu’en phase de pré-encodage et d’encodage, la présentation du stimulus visuel est couplée à la présentation auditive d’un masque, les participants sont significativement meilleurs. Cette observation est très inattendue. Certains travaux, portant sur l’effet mnésique d’une interférence perceptuelle, permettent d’interpréter ces résultats. En effet, Nairne (1988) a montré qu’une interférence durant l’encodage peut accroître la mémorisation. La tâche proposée était de lire à voix haute des mots apparaissant sur l’écran ; ces mots étaient soit présentés 1000 msec (condition sans interférence), soit présentés beaucoup plus brièvement et masqués (condition interférence). Les résultats ont montré que, dans une épreuve de reconnaissance, les sujets ont de meilleures performances dans la condition « interférence ». Hirshman et Mulligan (1991) ont repris l’expérience de Nairne et ont retrouvé cet effet bénéfique d’une interférence perceptuelle dans une tâche de reconnaissance et dans une autre tâche de rappel libre.

Toutefois, si dans notre expérience l’interférence avait simplement permis un meilleur encodage des images en raison d’une attention plus soutenue, alors nous aurions dû observer une importante différence entre les items anciens et les items nouveaux lors du test. Or, les sujets du groupe « Interférence » sont plus rapides quels que soient les items. L’interférence a donc certainement augmenté le niveau global d’attention des sujets pendant toute la durée de l’expérience. On remarque aussi qu’un encodage profond des images à l’encodage (grâce à l’interférence) ne se traduit pas par de meilleures performances au test sur les sons ; ceci signifie que l’interférence a dû empêcher le renforcement de la représentation auditive associée aux images.

Afin de ne plus obtenir l’effet de ce facteur « Groupe », nous allons utiliser dans l’expérience suivante (expérience 3-B), un son-interférent moins perturbant pour éviter ces effets attentionnels.