3.8. Synthèse de l’amorçage à long terme

Cette troisième et dernière série d’expériences a permis d’aller plus avant dans notre étude des dimensions sensorielles constitutives d’une trace mnésique.

L’hypothèse initiale était que, face à un stimulus visuel, le sujet allait automatiquement activer la représentation sonore associée. Pour tester cette hypothèse, nos expériences ont été basées sur cette possibilité d’une activation multimodale visuelle-auditive et afin, de la mettre en évidence, nous avons tenté de l’altérer en créant une interférence auditive.

Dans un premier temps, nous avons remarqué une interaction « Item*Catégorie »dans l’expérience 1. Cette interaction va dans le sens de nos hypothèses ; en effet, alors qu’il n’y a pas de différence pour les objets, on observe une différence entre le traitement des stimuli anciens et des stimuli nouveaux pour les êtres vivants. De plus, l'effet du facteur « Catégorie » que l’on retrouve en effet principal, ou en interaction avec le facteur item, va dans le sens d’une plus grande importance des traitements sensoriels pour les animaux que pour les objets. En effet, les sujets obtiennent de meilleures performances pour la catégorisation des êtres vivants par rapport à celle des objets (temps de réaction plus courts et taux de bonnes réponses plus élevé). Or, comme nous l’avons vu, de nombreux auteurs se sont penchés sur cette distinction objet/être vivant et ont mis en évidence un traitement spécifique des stimuli selon leur appartenance catégorielle. Ils admettent que la différence entre ces deux catégories s’organise autour des traits qui les définissent : traits sensoriels pour les êtres vivants et traits fonctionnels pour les objets (les êtres vivants sont plus définis par les traits sensoriels que les objets, ils seraient donc plus sensibles à ces traits) ; or, notre amorçage est basé sur une intermodalité sensorielle.

En ajoutant une phase de pré-encodage, les analyses ont pu mettre en évidence dans l’expérience 2 un effet principal du facteur « Item ». Ainsi, quelle que soit la catégorie de la cible, les participants sont plus rapides pour traiter les stimuli anciens par rapport aux stimuli nouveaux, ce qui confirme notre hypothèse d’un amorçage à long terme inter-sensoriel.

Les expériences 3-A et 3-B ont permis de montrer l’efficacité d’une interférence perceptuelle pour empêcher l’amorçage de s’exprimer. Nous avons en effet pu observer une interaction « Item*Groupe » indiquant que seuls les sujets du groupe « sans interférence » avaient tendance à catégoriser plus rapidement les items anciens que les items nouveaux. Ceci va bien dans le sens de nos hypothèses initiales, c’est-à-dire d’un amorçage à long terme intersensoriel.