Perspectives

La perspective directe à l’issue de ces travaux de thèse porte sur l’étude détaillée des mécanismes d’intégration et plus précisément sur la dynamique de ces mécanismes. En effet, même si nos travaux ont clairement mis en évidence ce phénomène d’intégration, il serait maintenant intéressant de se pencher sur la chronologie de ce processus : à partir de quand se met en place une interaction entre les dimensions activées ? Combien de temps, après ce premier processus d’interaction, l’intégration a-t-elle lieu ? Existe-t-il différents niveaux d’intégration ? Pour répondre à cette dernière question, nous pourrions supposer que l’intégration se met en place dans un premier temps entre les dimensions sensorielles pour s’intégrer ensuite aux autres dimensions motrices ou émotionnelles.

Toujours concernant ce mécanisme d’intégration, il faudrait, dans un premier temps, identifier l’ensemble des facteurs qui influencent cette intégration et, dans un deuxième temps, étudier précisément ceux qui vont faciliter cette intégration, par exemple l’émotion comme l’ont déjà montré Nevers, Augé et Versace (2001) et Versace et Rose (2007).

La deuxième perspective découle des limites constatées d’une approche comportementale. En effet, même si notre étude a permis de mettre clairement en évidence l’activation des dimensions sensorielles et motrices et leur intégration, il convient de souligner les difficultés rencontrées pour montrer le caractère sensoriel et moteur des traces. L’utilisation de techniques utilisées notamment en neurosciences, telle que l’imagerie cérébrale, serait un complément à priori très utile pour étudier ces mécanismes.

Concernant les simulations, citons les travaux de Damas, Mille et Versace (2002) qui ont pu simuler avec une modélisation mathématique dérivée du modèle Minerva 2 de Hintzman (1986) les résultats obtenus lors d’expériences comportementales. Dans leur modélisation, les auteurs ont essayé de rendre compte du caractère distribué des traces mnésiques, ce qui n’était pas le cas dans le modèle original d’Hintzman.

Il faut citer également les travaux de Ans et Rousset (1997, 2000) qui, avec une modélisation à double réseaux neuronaux, réussissent à éviter l’oubli catastrophique (un des défauts majeurs des algorithmes développés pour simuler les procédures d’apprentissage) tout en préservant la nature distribuée des connaissances.

C’est pourquoi, avec ces avancées importantes dans le domaine de la simulation, la dernière perspective importante de la présente étude serait de modéliser par réseaux neuronaux le modèle de Versace, Nevers et Padovan (2002). Ce type de modélisation permettrait notamment de mieux rendre compte de l’impact des différentes dimensions constitutives des traces, de leurs activations, de leurs intégrations, et permettrait ainsi plus globalement de mieux comprendre comment sont constituées et organisées les traces mnésiques et comment les connaissances émergent de la dynamique d’activations et d’intégration de réseaux neuronaux.