11— Folie et raison

Si la folie n'a jamais pu être vraiment assimilée à une maladie, nous dit Roland Jacquard en introduction de son livre, la folie n'a en revanche cessé d'apparaître en relation avec la raison « dont elle est l'autre », dans des rapports qui varieront suivant les époques : la folie « figure cette certitude de mort, ce visage de ténèbres, cet appel de la pulsion que la raison s'efforce de vaincre » ; la folie est l'autre qui conteste la raison à l'intérieur d'elle-même. Une double manifestation de la folie qui entraînera des attitudes opposées face à elle : les fous auront droit à la parole — les bouffons au Moyen Âge ou les artistes aujourd'hui — ou ils seront chassés, enfermés 41 .

Cependant entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle cette relation entre la folie et la raison va prendre une dimension particulière, très étroite, annonciatrice d'un changement : passage d'un âge théologique à un âge de raison, d'une expérience tragique à une expérience critique, de la folie à la déraison.

Notes
41.

Jacquard, 1992, p. 10.