Le modèle phonologique a permis la distinction entre traits pertinents et traits non pertinents. C'est cependant ensuite la perspective onomasiologique qui va permettre la distinction entre sèmes génériques et sèmes spécifiques.
Il convient en effet à ce niveau de faire la différence entre une double perspective : une perspective sémasiologique où « l'ensemble des contenus à partir duquel sont définis les traits est constitué en fonction de critères d'expression » et une perspective onomasiologique qui conduit à « adopter d'emblée des critères purement sémantiques » où « l'institution des ensembles de contenus n'est plus la même » et « la définition des composants qui structurent ces ensembles est également différente. » 109
Et d'un côté la perspective sémasiologique selon Katz et Fodor (1963) a permis la distinction entre marqueurs sémantiques (semantic markers) et distincteurs sémantiques (semantic distinguishers) de la grammaire transformationnelle notant « identités et oppositions entre divers contenus manifestés par un même item lexical. »
Alors que de l'autre la perspective onomasiologique selon Bernard Pottier (1964) a « produit la distinction entre sèmes génériques et sèmes spécifiques » relativement à une classe de sémèmes.
Pour visualiser les choses on peut dire que les sèmes prennent leur valeur sur le plan horizontal des axes sémantiques, tandis que l'équation sémique, ou sémème, de chaque signifié est au contraire donnée en reprenant dans l'ordre chacun des sèmes relativement aux axes sémantiques pris successivement sur un plan vertical.
L'on peut ainsi définir des classes qui sont des sous-ensembles de sèmes sur le plan horizontal des axes sémantiques. Ces classes sont disjonctives. François Rastier en dénombre deux 110 :
L'on peut également définir des classes qui sont des sous-ensembles de sémèmes sur le plan vertical des axes sémantiques. François Rastier en dénombre trois :
Mais sèmes et sémèmes sont liés et un pont 113 peut s'établir entre les deux types de classe. Ainsi les sèmes génériques marquent l'appartenance du sémème à une classe (points communs) : les sèmes macrogénériques à une dimension, les sèmes mésogénérique à un domaine et les sèmes microgénériques à un taxème. Et les sèmes spécifiques marquent l'opposition du sémème à un ou plusieurs sémèmes à l'intérieur du taxème (différences). Ce qui fait encore noter à François Rastier : "les sèmes ne sont pas des relations entre des ensembles mais entre des sous-ensembles" 114 .
Nous faisons ici une synthèse à partir du travail de François Rastier. Rastier, 1996, p. 48-49.
Rappelons que pour François Rastier il n'y a pas de virtuème. Rastier, 1996, p. 49-50.
« Idée générale d'un groupe d'objets présentant des caractères communs. » Définition du « genre » par le dictionnaire Le Robert .
« Structure paradigmatique constituée par des unités lexicales se partageant une zone commune de signification et se trouvant en opposition immédiate les unes par rapport aux autres. » Coseriu, cité par François Rastier (Rastier, 1996, p. 49).
Le pont — et la confusion qui peut s'en suivre — entre les deux structures distinctes s'établit par le fait que la structuration de l'ensemble des sémèmes par des axes sémantiques — qui sont en fait des sous-ensembles de sèmes — induit la structuration du sémème lui-même en sous-ensembles de sèmes.
Rastier, 1996, p. 49.