3.1.2.2— De trois à six acceptions principales au XVIIIe siècle

Les dictionnaires du XVIIIe siècle — Trévoux (1734), Féraud (1787), Académie (1798) — sont moins unanimes dans la structuration sémantique de folie et proposent entre trois et six acceptions principales : trois acceptions (plus une remarque) pour Féraud, cinq pour l'Académie, et six (plus des proverbes) pour Trévoux.

Pour le premier sème principal — [folie] — les trois dictionnaires s'accordent sur un sens déjà donné au XVIIe siècle par l'Académie : « démence, aliénation d'esprit ». Cependant Trévoux ajoute « extravagance ¹⁸⁸ , dérèglement de la raison », mêlant (cette fois sans « ou » comme dans le dictionnaire de Furetière, sous l'angle seul de la perte) raison et esprit.

Pour le deuxième sème principal — [conduite folle] — les dictionnaires donnent deux sèmes secondaires distincts correspondant à deux acceptions :

• — [imprudence] : « défaut de jugement » pour Féraud, « imprudence, témérité » pour Trévoux, et « imprudence, extravagance, faute de jugement » pour l'Académie.
• — [passion] : « passion excessive » pour Féraud, « passion dominante », « maisons (...) quand quelqu'un y a fait plus de despenses qu'il ne pouvait, ou quand il a basti de quelque manière extravagante », « la passion, le goust extravagant du monde, du siècle, (...) d'un homme » pour Trévoux qui ajoute également « amour, débauche de coeur » et « vivre chastement » au travers de l'expression ne jamais faire folie de son corps, et « une passion excessive et déréglée pour quelque chose » pour l'Académie.

Pour le troisième sème principal — [badinage] — Féraud ne donne aucun sens particulier mais précise en remarque : « folie, avec faire, se prend toujours en mauvaise part ; mais avec dire, il a quelquefois un sens fort bon ». Trévoux donne « une action folâtre, des paroles plaisantes, agréables, divertissantes » et l'Académie « des propos gais, sans objet et sans suite » mais aussi « débauche, excès, écarts de conduite ; et en ce sens il s'emploie ordinairement au pluriel ».

Enfin Trévoux ajoute le sens suivant : « une sorte de danse où l'on danse seul, comme la sarabande ».