1.1— Analyse textuelle

Après la présentation dans un premier temps des principaux genres dramatiques et le regroupement des pièces de Corneille de cette première période allant de 1629-30 à 1651-52 au sein des deux principaux genres que sont la comédie et la tragédie, nous reprendrons dans un deuxième temps l'orientation de notre problématique qui lie pour cette période la folie au baroque et aux comédies de Corneille et la déraison au classicisme et aux tragédies du même auteur. Autrement dit nous essaierons de voir si la comédie n'appartient pas plutôt au baroque et la tragédie plutôt au classicisme. Et si d'un côté la comédie et le baroque ne sont pas plus à même d'accueillir la folie et de l'autre dans un mouvement inverse la tragédie et le classicisme la déraison.

C'est Michel Foucault qui distingue deux éléments dans la folie à la fin du Moyen Âge : un élément tragique qui est « une expérience cosmique de la folie dans la proximité de ces formes fascinantes » et un élément critique qui est une « expérience critique de cette même folie, dans la distance infranchissable de l'ironie » et où prévaut la réflexion morale. L'affrontement entre ces deux tendances se dissipera et l'élément tragique finira par être « occulté » l'élément critique entre le début du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle. Pour cette période où les deux éléments de la folie sont encore présents, Michel Foucault utilise le terme folie et parle de « jeux baroques » en littérature. Par contre pour la période qui suit, période d'« expérience classique » de la folie, il utilisera plus volontiers le terme de déraison. 418

Notes
418.

Michel Foucault, Histoire de la folie à l'âge classique, (Collection Tel), Gallimard, 1987, p. 37-40.

Il ne faut sans doute pas confondre le sens du terme tragique utilisé par Michel Foucault qui est pris dans le sens de relation avec la mort, et celui du terme tragédie que nous utilisons et où, comme nous pourrons le voir par la suite, l'idée de mort n'est plus une nécessité en regard de celle de conflit intérieur. C'est pourquoi, ces deux mots qui semblent très proches, sont utilisés ici dans un rapport qui les oppose.