2.1.3.2— Aspects de la déraison

2.1.3.2.1— Le doute de Tircis

Tircis est en proie au doute à deux reprises.

La première fois lorsqu'il éprouve des remords à supplanter son ami Éraste dans le cœur de Mélite : « Tantôt je suis ami, tantôt je suis rival, / Et toujours balancé d'un contrepoids égal / J'ai honte de me voir insensible ou perfide. / Si l'amour m'enhardit, l'amitié m'intimide, / Entre ces mouvements mon esprit partagé / Ne sait duquel des deux doit prendre congé. » (II, 5, 561-566).

Et la deuxième fois lorsqu'il ne sait plus s'il faut croire la parole de Mélite ou les fausses lettres de celle-ci : « J'ai sa parole en gage, et de plus un baiser. / À ce doux souvenir ma flamme se rallume, / Je ne sais plus qui croire ou d'elle, ou de sa plume. » (v. 974-976). Tircis est alors pris dans un dilemme cornélien, ici seulement esquissé, où son esprit et sa raison sont partagés dans un choix difficile mais dont il est finalement peu question si ce n’est au travers de faits comme sa fausse tentative de suicide.