2.2.2— La démarche sémasiologique

La démarche sémasiologique menée en contexte dans une perspective synchronique au XVIIe siècle nous conduira à étudier la polysémie du mot folie — champ sémasiologique à un signifiant — en même temps que sa famille historique et synchronique — champ sémasiologique à plusieurs signifiants.

En effet le mot folie étant peu utilisé — deux occurrences dont une variante pour Mélite — il est utile d’étendre l’étude à son champ sémasiologique dérivationnel composé de plusieurs signifiants correspondant soit à sa famille historique comme fou ou soit à sa famille synchronique comme folle, folâtre, ou follement. Tous les lexèmes du champ dérivationnel de folie sont répertoriés dans une grille sémantico-grammaticale à double entrée — Annexe 16. Ils sont au nombre de 4, sans compter folie ni les formes des féminins ou des pluriels : folie, fou/fous/folle (noms), folâtre, fou/folle/folles (adjectifs), follement. Ils apparaissent avec folie dans treize occurrences dont une variante. Le champ sémasiologique de folie étendu aux dérivés est donc un champ à cinq signifiants actualisés dans quatorze occurrences dont deux variantes.

L’arbre sémasiologique de folie que nous présentons ensuite pour Mélite est aussi naturellement étendu à ses quatre dérivés — Annexe 17. Il a été construit en nous appuyant sur la structure sémasiologique déjà élaborée en langue à partir du mot folie pour un locuteur du XVIIe siècle. Dans cette représentation sémasiologique en arbre du mot folie et de ses dérivés, les acceptions de la déraison, incluses dans le signifié polysémique de folie, se situent au centre — [point de vue social à connotation péjorative] — alors que les acceptions de la folie à proprement parler, incluses aussi dans le signifié polysémique de folie, se situent en périphérie — [point de vue médical à connotation neutre] et [point de vue social à connotation positive].

Ainsi le champ sémasiologique de folie étendu à ses dérivés comprend dans la pièce Mélite onze sémèmes distincts représentés dans douze occurrences du texte de l’édition de référence et dans deux variantes : six sémèmes pour la folie dans six occurrences (plus deux variantes) et cinq sémèmes pour la déraison dans six occurrences (plus une variante). Comme pour l’analyse onomasiologique nous commencerons par présenter la folie et nous poursuivrons par la déraison pour décrire le texte de Corneille en suivant l’arbre sémasiologique de folie et ses dérivés en partant des axes généraux et en allant vers les axes spécifiques tout en recherchant pour chaque sème les sémèmes correspondants utilisés dans Mélite.