4.1.2.3— Le doute

La déraison amoureuse se cristallise dans le doute des personnages, dans l'état d'incertitude sur la vérité dans lequel ils sont. Cependant la déraison amoureuse c'est aussi plus simplement le fait de donner une importance plus grande à l'amour par rapport au devoir — devoir de venger ses parents ou devoir dû a son rang — : (Léonor à l’Infante) « Vous laissez choir ainsi ce glorieux courage, / Et la raison chez vous perd ainsi son usage ? » (v. 523-24).

Le doute est dans l'image d'un partage de l'esprit, d'un clivage entre les sentiments et le devoir :

Chimène : « La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau, » (v. 810) ;’ ‘ L'infante : « Je sens en deux parties mon esprit divisé, » (v. 113) ; « Impitoyable sort dont la rigueur sépare / Ma gloire d'avec mes désirs, » (v. 1583-84).’

Mais le doute est aussi dans l'expression des combats intérieurs :

Rodrigue : « Que je sens de rudes combats ! » (v. 303) :’ ‘ Chimène : « Et pour mieux tourmenter mon esprit éperdu, » (v. 934) ; « Allez, vengeance, amour, qui troublez mes esprits, » (v. 1672) ;’ ‘ L'Infante : « Hélas ! Que dans l'esprit je sens d'inquiétude ! » (v. 508).’