5.1.2.4— Le doute

La déraison sentimentale se cristallise dans le doute qui est l'image d'un désordre ou d'un partage de l'esprit, d'un combat intérieur ou d'un clivage des sentiments et du devoir 778  :

‘1 Curiace : « Notre longue amitié, l'amour, ni l'alliance, / N'ont pu mettre un moment mon esprit en balance, » (v. 463-64) ; « De tous les deux côtés, j'ai des pleurs à répandre, / De tous les deux côtés mes désirs sont trahis. » (v. 396-97) ; « Dieux ! Sabine le suit ! Pour ébranler mon cœur / Est-ce peu de Camille, y joignez-vous ma sœur ? » (v. 609-10) ;’ ‘2 Camille : « Le sien [esprit de Camille] irrésolu, le sien tout incertain, / [...] De tous les deux partis détestait l'avantage, / Au malheur des vaincus donnait toujours ses pleurs, / Et nourrissait ainsi d'éternelles douleurs. » (v. 102, 104-06) ; « Comme elle [Sabine] je perdrai dans l'une et l'autre Armée. » (v. 140) ; « Vous [Camille] serez toute nôtre, et votre esprit remis / N'aura plus rien à perdre au camp des ennemis. » (v. 150) ; « Vous avez vu depuis les troubles de mon âme, » (v. 183) ; « Je [Sabine] ne puis approuver tant de trouble en votre âme, » (v. 872) ; « Cher époux, cher auteur du tourment qui me presse, » (v. 1383) ;’ ‘ Sabine : « L'ébranlement sied bien aux plus fermes courages, / Et l'esprit le plus mâle et le moins abattu / Ne saurait sans désordre exercer sa vertu. / Quoique le mien s'étonne à ces rudes alarmes, / Le trouble de mon cœur ne peut rien sur mes larmes, » (v. 4-8) ; « Je ne suis point pour Albe, et ne suis plus pour Rome, / Je crains pour l'une et l'autre en ce dernier effort, / Et serai du parti qu'affligera le Sort. » (v. 88-90) ; « Prenons parti, mon âme, en de telles disgrâces, / Soyons femme d'Horace, ou sœur des Curiaces, / Cessons de partager nos inutiles soins, / Souhaitons quelque chose, et craignons un peu moins. » (v. 711-14).’

Notes
778.

Voici quelques exemples ; tous les autres sont dans la partie « 521.2 — La recherche des gloses ».