6.1.2.1— La folie : d'un type principal de conduite hors norme à un type secondaire

La folie, du premier groupe des pièces au deuxième, passe d'un type principal de conduite hors norme déjà affaibli à un type secondaire presque inexistant.

La folie dans le premier groupe — Mélite et Clitandre — correspond à un type principal car ses formes sont essentielles. Dans Mélite la folie prend une forme essentielle au travers de la folie amoureuse d'Éraste qui rachète sa « fourbe » — son « remords éternel » — tout en démontrant sa fidélité en amour qui lui vaudra d'épouser Cloris. Cependant c'est là la seule folie de la pièce car l'on peut s'interroger sur celle de Tircis lorsqu'il croit, à partir des fausses lettres, que Mélite ne l'aime plus et qu'il veut se suicider, comme l'on peut s'interroger encore plus sur celle de Mélite qui s'évanouit à la nouvelle de la fausse mort de Tircis. Non, la réunion des deux amoureux ne viendra pas de leur folie mais de leur déraison amoureuse.

De même dans Clitandre, il existe une seule folie essentielle qui est la folie furieuse de Pymante, une folie meurtrière, avec appels aux forces des enfers, qui s'exerce contre Rosidor, puis Dorise, le monde, et enfin le prince, sans grand succès il est vrai. Et l'on peut s'interroger sur la folie amoureuse de Pymante pour Dorise qui le conduit à vouloir assassiner Rosidor son rival, ainsi que sur la folie amoureuse de Dorise pour Rosidor qui tente de tuer Caliste sa rivale.

Cependant la folie est secondaire dans Le Cid car ses formes deviennent, par leur inexistence, complémentaires à la déraison. L'on ne sait ainsi rien d'une possible folie amoureuse de Chimène qui s'évanouit devant la ruse du Roi qui lui apprend que Rodrigue est mort, puis qui veut se tuer lorsqu'elle entend que Rodrigue est mort en duel, comme l'on ne sait rien d'une possible folie meurtrière de Chimène qui pour venger son père réclame la mort de Don Diègue et de toute sa famille.

La folie est également secondaire dans Horace, malgré les efforts de Valère pour faire du « crime » d'Horace une folie furieuse, une « fureur » contredite par le roi qui ne veut y voir qu'une chaleur généreuse.

La folie dans ces deux dernières pièces est donc pratiquement absente, comme est absente toute quête de la vérité qui est un élément important de la folie, remplacée ici par une quête de la raison comme on le verra.