4.1. Le niveau un de la prévention : une pédagogie de soutien en classe

« Comment accroître l’efficacité de l’école, en organisant le service public de l’éducation en fonction des élèves » 100 .

Il s’agit d’intervenir sur le système, de se centrer sur les difficultés et non sur l’individu. Ce dispositif limite l’effet d’étiquetage des élèves concernés puisqu’il ne les sort pas de leur groupe-classe. En mettant en place cette aide, on permet à chacun de tirer le meilleur profit de sa scolarité. Il est nécessaire, à ce niveau de la prévention, de changer les regards et les attitudes de tous. « Le maître de la classe est le premier concerné par ce dispositif puisqu’il a en charge la mise en place d’une première aide dans le cadre de la pédagogie différenciée » 101 . L’élève est dans son milieu scolaire ordinaire : la classe.

D’une façon plus large, cela implique la collaboration des autres maîtres du cycle qui décident de la mise en place d’une aide pédagogique adaptée. Cette aide, sous forme de pédagogie différenciée, peut revêtir divers aspects comme le décloisonnement, les échanges de service, l’aide individualisée. Ces mesures modifient le comportement de l’enfant signalé par le maître. La loi d’orientation de 2005 102 « officialise » ce premier niveau de prévention par la mise en place du P.P.R.E. : Programme Personnalisé de Réussite Educative. Ce « programme » d’aide concerne aussi bien les usagers que les acteurs de l’école. Sa partie rédigée consigne et valide les différents dispositifs mis en place dont on prévoit la durée ainsi que la fréquence de son évaluation.

En tant que membre du R.A.S. (le R.A.S. est défini dans le paragraphe suivant) et du conseil de cycle, le maître E participe à la réflexion commune, donne son avis et contribue à l’élaboration et à la mise en œuvre des projets pédagogiques et du P.P.R.E. L’ensemble des maîtres du cycle, y compris les membres du R.A.S., tentent de différencier la pédagogie, de personnaliser les apprentissages, d’en rendre l’enfant acteur, de favoriser le développement des compétences transversales, d’apporter une aide méthodologique aussi bien aux élèves qu’aux enseignants, d’intégrer la réalité de l’environnement aux dispositifs pédagogiques.

« On peut dire que les activités d’aide en classe s’apparentent aux activités de soutien. Le maître refait avec l’enfant ce qu’il n’a pas compris ou bien ce qui n’a pas marché » 103 . C’est également le maître qui évalue le niveau de compréhension de l’élève, grâce à l’évaluation formative. Le maître E, pour ce premier niveau de prévention, peut être consulté par le conseil de cycle, il peut également intervenir en classe. Notre pratique du terrain nous a appris, qu’à ce niveau de la prévention, le maître E est très peu sollicité.

Une pédagogie de soutien en classe est efficace si l’enfant n’est pas isolé de par sa position dans la salle, ou par un maître qui oublie facilement ses besoins spécifiques. Il est nécessaire que l’enfant soit avec ses camarades, en position et en pensée. La ségrégation, tout comme le gavage pédagogique, ne donnent pas de résultats positifs.

Si les actions d’aide mises en place à ce niveau de la prévention aboutissent à un résultat positif, si l’élève sort de sa difficulté et retrouve une relation positive avec les apprentissages, si ceux-ci ne posent pas de problème particulier, on peut dire que ces actions ont été suffisantes et efficaces. En revanche, si les difficultés persistent et si l’élève ne change pas d’attitude face aux apprentissages il sera nécessaire de passer au niveau deux de la prévention.

Notes
100.

Loi 89.082 du 10 juillet 1989 : « Loi d’orientation sur l’éducation ».

101.

Circulaire 90.082 du 9 avril 1990 : « Mise en place et organisation des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficultés ».

102.

Loi 2005.380 du 23 avril 2005 : « Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école ».

103.

GUY H. 1997. Intervenir en réseaux d’aides spécialisées aux enfants en difficulté, Paris, Armand Colin, p. 15.