3.3. La méthodologie de recueil des données

Parmi les méthodologies de recueil des représentations sociales présentées par AlainBlanchet 153 , Madeleine Grawitz 154 , Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt 155 , nous retenons celle de « l’entretien à questions ouvertes » 156 . Cette méthodologie, compromis entre l’entretien et le questionnaire, nous semble la plus pertinente pour le recueil d’indices que nous traitons qualitativement.

Nous ne mettons pas en pratique l’entretien non dirigé car la quantité d’informations obtenues par l’utilisation de cette méthodologie n’est pas forcément utile pour l’objectif visé. L’entretien non dirigé ne permet pas toujours d’accéder à la structure interne des représentations sociales : le noyau central et les éléments périphériques, mis à jour par une analyse quantitative des données. Sans la présence des deux parties en jeu, les questions ne sont pas toujours comprises dans le sens où elles sont émises et l’on obtient des données inutilisables. Jean-Claude Abric conforte notre position : « un autre avantage – non négligeable – du questionnaire, a trait à la standardisation, qui réduit à la fois les risques subjectifs de recueil (comportements standardisés de l’enquêteur) et les variations interindividuelles de l’expression des sujets (standardisation des enquêtés, thèmes abordés, ordre des thèmes, modalités de réponse) » 157 .

Le questionnaire parlé connaît également des limites : l’enquêteur peut amener où il veut l’interviewé. Nous prenons donc garde, lors des passations, de laisser l’interviewé s’exprimer aussi longuement qu’il le souhaite. Nous encourageons également la personne par des questions de relance, afin d’obtenir les réponses les plus complètes possibles. Notre attitude est une « attitude d’écoute positive plutôt qu’une attitude passive ou de jugement qui aurait pu déstabiliser » 158 . Le contact direct permet de retirer le maximum d’informations pertinentes pour la recherche. Chaque entretien est enregistré puis transcrit dans son intégralité. Nous faisons le choix de recueillir des réponses spontanées – sans réflexion – afin d’observer les représentations dans ce qu’elles ont de plus pur, donc de plus crédible. Un temps de réflexion aurait peut-être donné des réponses plus élaborées donc moins objectives et n’auraient pas forcément reflété la pensée spontanée.

Pour cette première partie du recueil des données, nous nous définissons un échantillonnage le plus représentatif possible de la population enseignante française. Les données statistiques du Ministère de l’Education nationale sont précieuses.

Notes
153.

BLANCHET A. 1997. Dire et faire dire l’entretien (2° éd.), Paris, Armand Colin, 169 p.

154.

GRAWITZ M. 1996. Méthodes des sciences sociales (10° éd.), Paris, Dalloz.

155.

QUIVY R., VAN CAMPENHOUDT L. 1995. Manuel de recherche en sciences sociales (2°éd.), Paris, Dunod,

287 p.

156.

GRAWITZ M. 1996. Ibid, p. 589.

157.

ABRIC J.-C. 1997. Pratiques sociales et représentations (2° éd.), Paris, PUF, p. 62.

158.

GRAWITZ M. 1996. Méthodes des sciences sociales (10° éd.), Paris, Dalloz, p. 603.