3.5. L’ordonnancement des données

Les entretiens effectués permettent de définir le groupe social d’appartenance des deux populations concernées. « C’est une première étape, dans l’analyse de la représentation sociale : à qui a-t-on affaire ? » 159 .

Jean-Claude Abric 160 souligne le fait qu’actuellement aucune méthodologie ne permet d’observer conjointement les trois éléments d’une représentation sociale : le contenu, la structure interne, le noyau central. A ce sujet, les théories de nos référents, « sans réellement s’opposer mais sans réellement être complémentaires non plus, laissent une part à l’interprétation du chercheur » 161 , part à laquelle nous fixons des limites. Nous observons d’abord le contenu de la représentation sociale, ce qui nous permet de faire l’hypothèse de la centralité de certains éléments ; ensuite, c’est l’implication statistique entre variables qui vérifie cette hypothèse à partir des données nécessaires à l’analyse quantitative.

Une fois tous les entretiens transcrits, nous procédons à un regroupement des réponses voisines. Nous tentons de rester le plus objectif possible dans le relevé de ces données, sans pour autant multiplier au maximum les types de réponses. Ainsi, à la question trois de l’entretien « définition du groupe social d’appartenance » « En quoi consiste votre travail ? », les réponses : « enseigner un programme ; transmettre des connaissances ; aider les enfants à s’approprier des connaissances » sont considérées sous la même réponse : « enseigner, transmettre des connaissances et des savoirs ». L’analyse de contenu tente de mettre en évidence des tendances thématiques. Nous rédigeons ensuite une synthèse de ces réponses en tenant compte des éléments les plus récurrents donc les plus significatifs.

Notre investigation bibliographique ne nous a pas permis de retenir de méthode quant à l’analyse qualitative des données écrites. En fait, il n’en existe pas de particulière. Les référents en la matière – Alain Blanchet 162 , Madeleine Grawitz 163 , Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt 164 – ne préconisent rien et reconnaissent qu’une telle analyse est laissée à l’entière subjectivité du chercheur.

Une fois tous les thèmes analysés, nous obtenons la définition des deux groupes sociaux d’appartenance. Ce mode de traitement des données permet d’émettre des hypothèses quant à la centralité des éléments les plus récurrents. Mais il serait trop simple de réduire l’analyse des constituants d’une représentation sociale à une seule analyse qualitative des données. La deuxième partie de l’investigation s’avère donc indispensable. Un autre écueil rencontré est celui de la superficialité des réponses. Le croisement des données de questions similaires, dans la deuxième phase de l’analyse statistique, aide souvent à lever certaines ambiguïtés.

Si les entretiens nous permettent de définir les deux groupes sociaux d’appartenance, il nous faut passer à une autre méthode pour progresser dans l’analyse de la représentation sociale. Les questionnaires, écrits cette fois, constituent la deuxième étape de la définition : l’analyse de la structure interne de la représentation.

Notes
159.

ABRIC J.-C. 1997. Pratiques sociales et représentations (2° éd.), Paris, PUF.

160.

ABRIC J.-C. 1997. Ibid, p. 79.

161.

MOLINER P. 1995. « Noyau central, principes organisateurs et modèle bi-dimentionnel des représentations sociales. Vers une intégration théorique ? », Les cahiers internationaux de Psychologie sociale, 28, pp 44-55.

162.

BLANCHET A. 1997. Dire et faire dire l’entretien (2° éd.), Paris, Armand Colin, 172 p.

163.

GRAWITZ M. 1996. Méthodes des sciences sociales (10° éd.), Paris, Dalloz, 920 p.

164.

QUIVY R., VAN CAMPENHOUDT L. 1995. Manuel de recherche en sciences sociales (2° éd.), Paris, Dunod.