Les maîtres généralistes

Contrairement aux maîtres E, les maîtres généralistes ne sentent pas de tensions générées par les différences de statut. Pour eux, cette différence est normale car les fonctions diffèrent, le regard sur l’élève n’est pas le même. Quelques personnes avancent des différences de salaire sans pour autant en exprimer une quelconque jalousie. En revanche, ils sentent qu’une distinction est installée quand les maîtres E ne s’impliquent pas dans la vie de l’équipe par manque de temps, quand ils ne sont que de passage. Il est normal d’apprécier l’efficacité d’une collaboration et des relations professionnelles d’égal à égal. Les maîtres généralistes ne revendiquent pas, n’expriment pas de jalousie. La majorité des maîtres généralistes interrogés exprime fermement ne pas vouloir être maître E, la situation n’est donc pas si enviée que cela.

L’existence de tensions vient d’être vérifiée. Ces dernières sont plus fortement ressenties et exprimées par les maîtres E, qui, nous le répétons encore, en sont responsables. Les maîtres généralistes ressentent une différence de statut, mais la considèrent comme normale : le travail n’est pas le même, la relation avec les enfants différente. Chacun est bien dans sa situation professionnelle, l’apprécie et peu de personnes envisagent d’en changer. La représentation dicte la conduite, les maîtres E évoluent dans le cadre de la représentation de ce qu’ils croient être pensé d’eux, ils ont une représentation erronée de la façon dont ils sont perçus par les maîtres généralistes.

L’analyse des corpus d’entretiens fait apparaître deux groupes sociaux d’appartenance différents. Deux métiers distincts, avec leurs tâches spécifiques, au sein de la même profession. Ces métiers se veulent complémentaires mais on observe des dysfonctionnements nuisibles à un travail d’équipe efficace à l’unique service de l’enfant. Afin d’avancer dans la compréhension du glissement de la position de difficulté à la situation d’échec, il nous est nécessaire de faire un détour par la construction de l’identité professionnelle des deux groupes concernés. Nous comprendrons ainsi la place qu’elle occupe dans les relations entre maîtres généralistes et maîtres E. Nous serons plus à même de cerner les enjeux de la « rivalité » entre les deux métiers, et la position accordée, par cette rivalité, à l’élève en difficulté.